Beaucoup de parents encouragent leurs enfants à jeûner. Durant l'âge pubère, ou même durant l'enfance, certains petits s'initient au jeûne. Cela est-il sans répercussions sur leur santé ? L'âge, l'état de santé physique et mentale et l'avis du médecin pédiatre sont déterminants avant d'autoriser un enfant à observer le jeûne. Le jeûne au cours de ce mois béni est prescrit et obligatoire pour tout adulte musulman. Les enfants sont ainsi exemptés. Parfois, les petits veulent se mettre dans la peau des jeûneurs. Ils refusent de manger et de boire, tout comme papa et maman. Sauf que si on est loin de l'âge pubère, le jeûne s'avère difficile et cela ne va pas se passer sans complications. La digestion de la nourriture d'un enfant n'est pas différente de celle d'un adulte. Cependant, le taux de dépense énergétique est plus élevé chez les enfants. Ainsi, les enfants doivent être bien nourris pendant et en dehors du Ramadan. « Avant le mois de jeûne, il est important que les parents veillent à une bonne hydratation de leurs enfants, à leur prise des vitamines adéquates, en particulier la vitamine C et à éviter les intoxications alimentaires en limitant les aliments crus et en mangeant hors de la maison », recommande Dr Abderrahim El Baroudi, pédiatre. En effet, il ne faut pas forcer les enfants à jeûner, mais plus les encourager s'ils en sont capables afin de les habituer. Un enfant qui pleure ou qui demande à rompre le jeûne n'est pas tenu de continuer sa journée de jeûne. De même qu'un enfant qui insiste pour jeûner alors que ses parents estiment qu'il n'en est pas capable ne doit pas le faire. Mais dans les deux cas, les parents doivent expliquer à leur enfant sur un terrain d'entente et de communication pourquoi il doit ou ne doit pas jeûner et non pas faire preuve d'une autorité totalitaire sans lui donner d'explications .« On ne doit pas imposer un jeûne à son enfant. Concernant l'âge, il faut attendre la maturité. Et quel que soit l'âge, il faut tout de même vérifier que les conditions de santé soient réunies et qu'il n'y a pas de problème de santé que le jeûne va venir aggraver », indique Dr El Baroudi. Le bien-être des enfants en premier Tout d'abord il faut préparer l'enfant en bas âge psychologiquement à jeûner. Ensuite, durant la journée, il est recommandé d'occuper l'enfant avec des activités ludiques. Enfin, il est conseillé à l'enfant de ne faire aucun effort physique pendant les heures de jeûne et de faire attention à son état de santé. Le pédiatre recommande d'initier l'enfant progressivement au jeûne sans le brusquer. « Un enfant, s'il jeûne alors qu'il n'est pas encore prêt, risque la déshydratation, une baisse d'activités et plus grave, une hypoglycémie », insiste-t-il. « La déshydratation se caractérise par une soif intense, des lèvres sèches, une grande fatigue, une perte de force, des vertiges et/ou un évanouissement, des maux de tête, des urines très odorantes et de couleur foncée. L'hypoglycémie se traduit par un malaise, une irritabilité, un changement brutal de l'humeur, tachycardie, sueurs, pâleur et douleurs abdominales ». Pour éviter ces petits désagréments, il faut y aller doucement et surtout ne pas les brusquer. «Pensez à leur demander de rompre le jeûne au moindre signe de fatigue. Leur petit corps a besoin de temps pour s'habituer », avertit Dr El Baroudi. Alimentation et sommeil suffisants Une alimentation équilibrée pour le jeûne de l'enfant est nécessaire. Il faut un apport alimentaire équilibré pendant le ramadan pour que l'enfant puisse prendre les nutriments essentiels, nécessaires à sa croissance. « Il lui faut des vitamines A, B6, du calcium, du fer, du zinc, du magnésium, du potassium et les calories nécessaires à son développement pendant le jeûne », souligne Dr Yousra Moustafid, nutritionniste. À la rupture du jeûne, l'enfant doit boire au moins 1,5 litre d'eau pour prévenir la déshydratation, la constipation, et les infections urinaires. L'eau doit être préférée aux jus de fruits industriels ou remplacer ces derniers par des jus de fruits naturels comme les oranges et les carottes, qui sont riches en vitamines et en minéraux. Pendant le jeûne, les parents doivent accorder plus d'attention à l'enfant. Ce qui va leur permettre de décider de l'arrêt du jeûne de l'enfant si ce dernier n'arrive pas à supporter. Pour l'alimentation de l'enfant pendant le jeûne, Dr Moustafid conseille de ne pas retarder le repas du ftour qui doit comprendre « deux dattes ou un verre de jus, la soupe des légumes ou de la harira pour compenser les liquides perdus ; les légumes parce qu'ils sont riches en eau et vitamines et en fibres alimentaires. Ils doivent être présents dans le repas du ftour, cuits ou frais, sous forme de salade. Les viandes, les poissons et les oeufs, le riz, les pommes de terre et les pâtes doivent être présents dans le menu ». Il est recommandé de privilégier les produits laitiers, car ils sont riches en calcium nécessaire à la croissance des os. Quant au soir, le moment où toute la famille se réunit, « il ne faut pas que l'enfant mange trop. Et bien entendu, il doit aller se coucher à une heure raisonnable, même si c'est le weekend et qu'il a envie de rester avec les autres », conclut-elle. Meryem EL BARHRASSI Des effets psychologiques à ne pas négliger
Informer et impliquer les enfants lors de la période du Ramadan demeure une tâche primordiale à réaliser pour les parents. Généralement, l'enfant est habitué au concept du jeûne et aux rituels ramadanesques. « Lorsqu'il voit ses proches jeûner pendant ce mois et entend leurs louanges pour ce mois béni et son importance, il a le désir de jeûner comme eux dès son plus jeune âge », explique Dr Ghizlane Benamar, pédopsychiatre. Quant à l'aspect psychologique, les parents doivent se rendre compte que le jeûne d'un fils est lié à son endurance et à son état de santé, et il est préférable de commencer à entraîner l'enfant au jeûne à partir de son plus jeune âge, sachant que dix ans reste l'âge idéal tout en tenant en compte les différences individuelles entre un enfant et un autre. Pour Dr Benamar, « le jeûne renforce chez les enfants les sentiments de solidarité et de cohésion sociale et améliore par là même leur état psychologique ».