Vous êtes ici : Actualités / featured / Les jeûneurs peuvent-ils faire du sport ? Pour les amoureux du sport, le jeûne n'est guère un obstacle pour se détacher de leurs habitudes sportives ! Les sportifs s'activent dans les parcs, les abords de la plage... en fonction de leur temps libre. Othmane, un jeune étudiant de 19 ans affirme : « Je pratique le sport de 3 à 4 fois par semaine. Je fais du footing, vélo, basket… Pour ne pas gaspiller beaucoup d'énergie au cours de la journée, je pratique ces activités une ou deux heures avant la rupture du jeûne, comme ça je m'entraîne bien sans avoir à subir les conséquences du jeûne.» D'autres se trouvent dans l'obligation de s'entraîner avant le Ftour, comme Ghizlane, 45 ans, fonctionnaire : «Je fais du sport quasiment chaque jour, de 17 heures à 19 heures. C'est l'horaire qui me convient le plus car, après le ftour , je pars à la mosquée… » Sportifs : prudence ! Selon les spécialistes du sport, la pratique d'une activité sportive à jeun brûle dans un premier temps les sucres et les acides gras circulant dans le sang, puis impose à l'organisme de puiser dans ses réserves de glycogène, de graisse et de protéine. Lorsque le jeûne se prolonge, comme c'est le cas lors du Ramadan, le déficit énergétique place l'organisme en situation de souffrance. Une activité sportive de niveau moyen (la marche par exemple pendant 30 à 45 minutes) peut être tolérée. Par contre, la pratique du sport de haut niveau expose le sportif à des risques dont le principal est l'hypoglycémie dont les aléas sont multipliés en cas de diabète. Il faut être très prudent surtout la première semaine du mois de Ramadan car celui-ci modifie profondément les habitudes alimentaires et les rythmes du sommeil. Les premiers signes d'une hypoglycémie qui donnent l'alerte : tremblements, vertiges, troubles de l'équilibre, nausées, vomissements, maux de tête, troubles de vigilance. Dans ce cas, il faut accentuer les contrôles et l'autosurveillance de la glycémie. La déshydratation qui renforce le risque de blessures tendineuses et musculaires (tendinite, élongation, claquage). Les perturbations des apports en eau et en minéraux qui ont des répercussions sur la tolérance de l'effort, sur l'adaptation cardio-vasculaire à l'effort et par conséquent la sensation de faim ou de fringale. Et l'hyperthermie maligne d'effort : il s'agit d'un collapsus par déshydratation avec possibilité d'accident vasculaire cérébral, d'accident cardiaque et de mort subite… Conseils en or Contacté par Le Soir échos Dr Mohamed Taha, médecin spécialiste du sport affirme que la pratique saine du sport à jeun passe par l'équilibre alimentaire et une bonne répartition temporelle des exercices. Pour les débutants du sport, ils doivent se contenter des activités sportives d' intensité réduite : une marche de petite durée de 10 à 15 minutes en augmentant 2 minutes tous les 2 jours. Pour les habitués, ils peuvent reprendre leurs activités sportives mais en diminuant l'intensité et la durée de l'exercice habituel de 30 % et en s'hydratant régulièrement. Il ajoute que selon les études de la faculté de médecine de Rennes sur les sportifs de Haut niveau d'origine maghrébine de confession musulmane : la performance diminue pendant les 2 premières semaines pour se rétablir à la 3e semaine et augmenter à un niveau supérieur à la 4e semaine par rapport à la période avant Ramadan. En outre, il faut soigner la diététique en s'alimentant correctement et en respectant les pourcentages recommandés des macro-nutriments : ce sont les protéines, les lipides et les glucides, dont nous avons besoin en grandes quantités et qui fournissent l'énergie à l'organisme. Les pourcentages sont : de 50 % à 55 % d'apport calorique en glucide, 30 % pour les lipides et 15 % pour les protéines. En outre, il faut varier les éléments micronutriments qui sont essentiellement les vitamines (ex. : vitamines A, B, C, D, E et K), des minéraux (tels le calcium et le phosphore) et des traces d'éléments (fer, zinc, selenium et manganèse). La pratique du sport avant le Ftour est possible si la personne jouit d'une bonne condition physique et a économisé ses réserves énergétiques ou hydriques, les risques sont dans ce cas mineurs. Généralement, 2 heures ou 3 heures après la rupture du jeûne, le sport ne génère pas de risques dramatiques. Par ailleurs , la canicule est aussi classée comme danger car l'aléa de la déshydratation est donc majeur, puisque le minimum vital est difficilement couvert. Il faut donc se rafraîchir pendant la journée par des douches froides, baignades, éviter/limiter les aliments ou boissons ayant une propriété diurétique : café, thé, alcool. Et surtout, gérer la dette de sommeil. En raison du chevauchement entre Ramadan et la saison estivale, la pratique de l'activité sportive est clairement incompatible avec la chaleur suffocante. Le jeûne accapare considérablement l'énergie. L'enjeu est de trouver le rythme adéquat afin de rendre la pratique saine tout en consultant le médecin en cas de malaise grave.. Sara El Ouerbi (Stagiaire)