Pendant Ramadan, les Marocains veillent à initier leurs enfants en leur permettant de jeûner une matinée ou un après-midi. Certains parents encouragent leurs enfants à jeûner en leur promettant des récompenses. Les enfants, quant à eux, sont en général impatients et ravis de faire comme leurs aînés. C'est avec grande joie et une complaisance infinie que les enfants, autant que les adultes, accueillent le mois sacré du Ramadan. Cet invité illustre qui nous rend visite une fois par an, pour ravir petits et grands, entraînant avec lui bonté, générosité et bénédiction, constitue une occasion idéale pour inculquer aux enfants le sens de la foi, les éduquer et les initier aux obligations religieuses, en particulier le jeûne et la prière. Dr. Yousra Moustafid, nutritionniste, explique qu'il est déconseillé d'obliger les enfants de moins de 9 ans à jeûner de la même manière que les adultes. Cependant, elle insiste sur le fait d'initier les enfants à sa pratique, «dès 7 ans, en jeûnant 3 heures par jour seulement». En effet, bien que le jeûne ne soit pas obligatoire pour les enfants, la spécialiste le préconise afin qu'ils puissent prendre conscience progressivement des effets du jeûne sur leur petit corps et qu'ils s'y habituent. «On peut préparer son enfant en l'invitant à "imiter" les adultes. Le plus facile est de l'inciter à commencer par jeûner une demi-journée, pour l'habituer à l'abstinence et à la sensation de la faim », déclare-t-elle. «Entre 8 ans et 9 ans on peut prolonger le jeûne jusqu'à la prière d'Addohr ou d'Alassr. À partir de 10 ans, l'enfant peut jeûner 3 jours par semaine et à partir de 11 ans on peut tenter de le faire jeûner toute la semaine sous surveillance». Une recommandation appliquée à la lettre par Mounia, maman de la petite Salma. Le jeûne intermittent pour les initier Imposer le jeûne à un enfant sans lui expliquer le pourquoi du comment peut le frustrer. Il faut bien insister sur le rôle du jeûne, ses valeurs et ses règles. « Vers 8-9 ans, j'ai d'abord accepté de faire faire à mon enfant un "demi-jeûne" pour l'habituer progressivement. De bon matin, je lui préparais un bon petit déjeuner copieux pour qu'il puisse tenir tout au long de la journée, puis rien d'autre jusqu'au ftour. Vers 11 ans, je lui ai proposé de jeûner un jour sur deux, comme un adulte», explique Khadija, mère d'un enfant de 11 ans. Généralement, tous les enfants commencent par jeûner une demi-journée (entre 5 et 6 heures), avant de le faire une journée entière. D'autres commencent à s'y préparer graduellement et font ce qu'on appelle "coudre la journée". « Il faudra évaluer la capacité de votre enfant à le faire. Si c'est le cas, l'enfant doit boire beaucoup d'eau et de jus après le repas "Al Iftar" et consommer fruits et légumes afin d'éviter la déshydratation. Et surtout, ne pas laisser l'enfant s'exposer au soleil dans la journée», souligne Dr. Moustafid. Des rituels spéciaux Le premier jour de jeûne d'un enfant est un événement familial exceptionnel et une expérience émouvante, surtout pour celui qui la vit de par son enthousiasme qui le pousse à affronter une longue journée de faim et de soif, et sa fierté à accomplir l'un des cinq piliers de l'Islam. Une ambiance exceptionnelle règne au sein des familles dont les enfants jeûnent pour la première fois. Elles célèbrent généralement cet événement en préparant pour le repas de l'Iftar des plats appréciés par ces petits jeûneurs que l'on partage avec les proches, surtout les grands parents. « Parmi nos traditions à Fès, on apprête les petites filles avec de jolis caftans, des perles, on les maquille, les coiffe et on leur met une alliance sur la langue avant de boire du lait », raconte Mounia. Veiller d'abord au bien-être des enfants « Il faut initier l'enfant progressivement au jeûne sans le brusquer », insiste Dr. Moustafid. « Un enfant, s'il jeûne alors qu'il n'est pas encore prêt, risque la déshydratation, une baisse d'activités et plus grave, une hypoglycémie », poursuit-elle. « La déshydratation se caractérise par une soif intense, des lèvres sèches, une grande fatigue, une perte de force, des vertiges et/ou un évanouissement, des maux de tête, des urines très odorantes et de couleur foncée. L'hypoglycémie se traduit par un malaise, une irritabilité, un changement brutal de l'humeur, tachycardie, sueurs, pâleur et douleurs abdominales». Pour éviter ces petits désagréments, il faut y aller doucement et surtout ne pas les brusquer. «Pensez à leur demander de rompre le jeûne au moindre signe de fatigue. Leur petit corps a besoin de temps pour s'habituer», avertit la nutritionniste.
"La nuit du destin" un bon début La tradition veut que les enfants qui jeûnent le jour de la «Nuit du Destin» soient bien récompensés. Les parents célèbrent cet événement en habillant leurs enfants avec des tenues traditionnelles, avec maquillage pour les petites filles et henné et enfin une séance de photos souvenirs. La tradition veut aussi que les petites filles et les petits garçons célèbrent cette journée mémorable dans un cadre festif. Un enfant qui jeûne pour la première fois se trouve au centre de toutes les attentions. Il occupe, à l'heure du ftour, une place d'honneur autour d'une table bien garnie, et on lui organise une petite cérémonie pour l'encourager à le faire plus souvent. «Je conseille fortement cette pratique. Leur donner des cadeaux régulièrement et les féliciter devant toute la famille ou les voisins booste leur volonté à continuer le jeûne», conclut Dr. Moustafid.