L'Algérie est plus que jamais isolée de son voisinage sahélien. Le Mali, le Niger et le Burkina Faso, réunis au sein de la Confédération des Etats du Sahel, ont décidé de rappeler leurs ambassadeurs à Alger. Une décision prise en réponse à la destruction par l'armée algérienne d'un drone Akinci malien. Nouveau rebondissement dans l'affaire du drone militaire malien abattu le 1er avril près de la ville frontalière de Tin-Zaouatine. Ce soir, le gouvernement de transition à Bamako a officiellement accusé l'Algérie d'être responsable de la destruction de l'appareil, dont l'épave a été retrouvée «à l'intérieur du territoire malien à 9,5 km au sud de la frontière Mali-Algérie», précise l'armée malienne dans un communiqué. L'enquête menée par les autorités militaires maliennes a révélé que «la liaison a été perdue avec l'appareil alors qu'il se trouvait à 10,2 km au sud de la frontière Mali-Algérie. La distance entre le point de rupture de la liaison et le lieu où l'épave a été retrouvée est de 441 mètres. Ces deux points se situent sur le territoire national», selon la même source. En réponse au communiqué du ministère algérien de la Défense, revendiquant l'abattage du drone, le Mali «a demandé aux autorités algériennes de fournir des preuves concrètes de la violation de leur espace aérien par un drone de reconnaissance malien. Depuis 72 heures, aucune réponse satisfaisante n'a été donnée à la demande malienne». L'Algérie isolée de son voisinage sahélien Face à ce «silence coupable», le gouvernement de transition «a conclu, avec une certitude absolue, que le drone (...) a été détruit suite à une action hostile préméditée du régime algérien» dans l'espace aérien malien. Bamako a décidé, en «réponse à cette énième provocation du régime algérien, de convoquer l'ambassadeur algérien pour protester contre cette hostilité ; de se retirer immédiatement du Comité d'Etat-Major Conjoint (CEMOC, créé en 2009 à l'initiative d'Alger dans le cadre de la Coordination de Tamanrasset pour combattre le terrorisme au Sahel, ndlr) ; et de porter plainte devant des instances internationales contre le régime algérien pour actes d'agression». De son côté, le Collège des chefs d'Etats de la Confédération des Etats du Sahel, réunissant le Mali, le Niger et le Burkina Faso, a, dans un communiqué parvenu à Yabiladi, «condamné cet acte irresponsable du régime algérien (...) et rappelé pour consultations les ambassadeurs des Etats membres en Algérie». La Confédération considère la destruction du drone de l'armée malienne «comme une agression visant tous les Etats membres et une manœuvre perfide pour promouvoir le terrorisme et contribuer à la déstabilisation de la région». Les relations de l'Algérie avec ses voisins sahéliens sont tendues depuis quelques années. Le Mali et le Niger ont déjà convoqué les ambassadeurs algériens pour protester contre l'ingérence algérienne dans leurs affaires internes.