Le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a annoncé, après une visite dimanche à Alger où il a rencontré le président Abdelmadjid Tebboune, la volonté des deux pays « d'entrer dans une nouvelle phase » après la grave crise dans les relations bilatérales. « Avec le président Tebboune, nous avons exprimé la volonté partagée de lever le rideau » pour « reconstruire un partenariat d'égal à égal, serein et apaisé », a déclaré Barrot, après 2H30 d'entretien avec le chef de l'Etat algérien. « La France souhaite tourner la page des tensions actuelles » et relancer la relation bilatérale « dans un souci d'efficacité et de résultats », a assuré Barrot, annonçant une « réactivation de l'ensemble des mécanismes de coopération ». Se réjouissant d'avoir « longuement » rencontré Tebboune, Barrot a estimé que « les relations institutionnelles ne sont pas à la hauteur des relations humaines », avec de nombreuses familles franco-algériennes. Selon Barrot, tous les sujets ont été mis sur la table lors de sa rencontre du matin avec son homologue Ahmed Attaf, qui a duré 1H45, l'idée étant de « retrouver la dynamique et l'ambition fixées par les deux présidents », en août 2022 lors d'une visite de Macron à Alger. Le ministre a annoncé une reprise de la coopération sécuritaire avec une prochaine réunion des hauts responsables des renseignements des deux pays. « Nous aurons, a-t-il dit, un dialogue stratégique sur le Sahel », où l'Algérie est limitrophe du Mali et du Niger. Les deux pays sont préoccupés aussi par le retour de jihadistes de Syrie. Autre domaine relancé: la coopération judiciaire avec une visite à Alger du ministre français de la Justice Gérald Darmanin et une invitation du Parquet financier français pour examiner le dossier des « biens mal acquis ». Sur la thématique des « mobilités », la coopération migratoire reprend avec un traitement de questions comme les visas et les réadmissions « dans le cadre des accords existants, via des procédures normales ». En matière d'échanges économiques, Tebboune entend « donner une nouvelle impulsion », selon Barrot, après les difficultés des entreprises françaises de l'agro-alimentaire, automobile et du transport maritime. Une réunion des patronats français et algérien est prévue à Paris le 9 mai. Sur le mémoriel, la commission mixte d'historiens a déjà repris ses travaux. L'historien Benjamin Stora est invité par Tebboune à se rendre à Alger pour poursuivre le travail sur la restitution de biens historiques.