Dans cet entretien, Abderrahim Bouhmidi souligne que les autorités algériennes n'ont pas mesuré la catastrophe humanitaire dont elles se sont rendues coupables et que justice devra être rendue tôt ou tard. ALM : Quelles sont les dispositions du droit international qui régissent l'expulsion ? Abderrahim Bouhmidi : Le texte légal qui régit l'expulsion est la Convention internationale de Genève de 1948. Cette convention assimile les déplacements des populations en cas de conflit à un génocide, autrement dit un crime contre l'humanité. Pour le cas des Marocains expulsés d'Algérie en 1975, sommes-nous dans une situation de déplacement ? L'Algérie justifie l'expulsion de ces derniers par le fait qu'ils étaient dans une situation irrégulière. Tout le monde sait que les Marocains qui étaient à l'époque établis sur le sol algérien menaient une vie normale et disposaient de leur titre de séjour. Ils avaient leurs familles là-bas et bon nombre d'entre eux possédaient des commerces. Le motif qui explique l'acte algérien est purement politique. La rage du pouvoir algérien qui n'a pu accéder au Sahara, c'est-à-dire à l'océan Atlantique. La rage de Boumediene qui n'a pas pu enclaver le Maroc, ce qui l'a empêché de prendre le leadership du Maghreb et en conséquence de l'Afrique. Enfin, en 1975, la conjoncture économique du Maroc était très défavorable et ces expulsions devaient contribuer à asphyxier l'économie marocaine. Les autorités algériennes à l'époque n'ont pas pu mesurer la catastrophe humanitaire dont elles se sont rendues coupables.
Quels sont les moyens juridiques que les expulsés marocains peuvent utiliser pour recouvrer leurs droits ? Le droit international n'est pas un droit effectif, puisqu'il obéit à la conjoncture politique internationale. Les mécanismes à mettre en place devraient se faire dans le cadre d'une commission mixte maroco-algérienne, lorsqu'il y aura un dégel des relations diplomatiques entre les deux pays. Mais à condition que les Algériens reconnaissent leur responsabilité. Sinon, c'est une question qui doit être inscrite à l'ordre du jour, dans le cadre d'une institution internationale ou interrégionale, sachant que ce type d'infractions est imprescriptible. Tôt ou tard, justice devra être rendue. Pensez-vous que les autorités algériennes donneront suite aux revendications des Marocains expulsés en 1975 ? Encore faut-il que l'Algérie reconnaisse sa responsabilité. Mais avec leur «nif» (orgueil mal placé), les responsables de ces crimes sont loin de devenir raisonnables.