La charge de Ségolène Royal est à la hauteur de l'enjeu. Nicolas Sarkozy y est décrit sans pitié comme le fossoyeur de la France d'aujourd'hui. «Il avait promis la rupture. La France subit une déchirure», avait dit Ségolène Royal. Signe de l'usure du temps, alors qu'elle faisait figure de challenger naturel de Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal éprouve les plus grande difficultés à s'imposer à la galaxie socialiste à la veille de la désignation du successeur de François Hollande en novembre prochain. Charme rompu d'une candidature à la présidentielle qui a échoué si près du but, multiplicité des concurrents internes, éclosion de nouvelles formes d'oppositions à Nicolas Sarkozy, autant de facteurs qui ont rendu difficile le travail de conquête de l'appareil socialiste par une femme politique qui, à plusieurs reprises, en a dénoncé avec amertume, le manque de fidélité et de solidarité avec son aventure présidentielle. Ségolène Royal était donc attendue sur sa manière de marcher sur la rue de Solferino. Quelles propositions allait-elle mettre en valeur pour s'attirer les grâces des socialistes après les avoir séduits lors de primaires inédites au sein du Parti de François Mitterrand ? La question était sur toutes les lèvres depuis que son grand concurrent, le maire de Paris Bertrand Delanoë a dévoilé son virage libéral provoquant un séisme politique au sien de la gauche et depuis que la fille de Jacques Delors, la mère des 35h, Martine Aubry a laissé pointer le museau de ses ambitions. Sans parler de l'appétit enflammé d'autres personnalités qui se sont regroupées sous le label des «reconstructeurs» dont certains portent les rêves impatients et à peine dissimulés de Laurent Fabius ou de Dominique Strauss-Kahn. A part son concept de «démocratie participative» qu'elle a décliné sur tous les tons, Ségolène Royal n'avait pas rendu publiques les idées avec lesquelles elle comptait convaincre les participants au congrès de Reims, entretenant volontairement le mystère. Sa contribution était donc très attendue. Intitulée «combattre et composer», cette contribution est divisée en sept chapitres aux titres très évocateurs : « combattre la mainmise du clan Sarkozy sur la France» «faire du socialisme une force neuve dans le siècle» «mettre l'économie au service de l'humain», «bâtir un Etat préventif qui attaque les inégalités à la racine» «repenser sans tabous la Sécurité sociale pour la sauver» «reconnaître la France métissée comme une chance» et «oser la démocratie jusqu'au bout». Pour accompagner le lancement médiatique de sa contribution, Ségolène Royal s'est payée le luxe d'une charge qui se veut sans concessions contre Nicolas Sarkozy. Peut-être avait-elle en tête le projet de détrôner Olivier Besancenot, leader de ligue communiste révolutionnaire qui à se muer en «nouveau parti anticapitaliste » de son statut de «premier opposant à Nicolas Sarkozy». La charge de Ségolène Royal est à la hauteur de l'enjeu. Nicolas Sarkozy y est décrit sans pitié comme le fossoyeur de la France d'aujourd'hui. «Il avait promis la rupture. La France subit une déchirure», avait dit Ségolène Royal plus remontée que jamais avant de jeter les amis patrons du président en pâture : «Non, Nicolas Sarkozy, vous n'avez pas le droit de privatiser pour vos amis financiers, ceux que vous avez besoin de remercier pour leur connivence pendant la campagne présidentielle (…) Vous n'avez pas le droit de donner à vos amis Bouygues, Bolloré, Lagardère, vous n'avez pas le droit de donner non seulement les médias mais vous n'avez pas le droit de donner le patrimoine énergétique des Français». Ségolène Royal semble avoir volontairement durci le ton de sa critique à l'égard de la gouvernance de Nicolas Sarkozy. Elle est, comme l'ensemble des candidats au poste de premier secrétaire du Parti socialiste, engagée dans une surenchère pour occuper, aux yeux d'une opinion désillusionnée, la fonction symbolique de premier opposant à Nicolas Sarkozy. Ségolène Royal compte dérouler le fond de sa pensée dans un livre à paraître le 8 juillet prochain intitulé « Si la gauche veut des idées ». Bien avant sa sortie, le livre fait déjà polémique par cette prise de position : «Mieux vaut une bonne querelle qu'une mauvaise synthèse qui, toujours, à plus ou moins long terme, nourrira des affrontements autrement plus diviseurs qu'un vrai débat, aussi tendu soit-il».