Ségolène Royal semble avoir trouvé un filon, celui de lister les faux pas de Nicolas Sarkozy et de présenter des excuses pour tenter de réparer le tort des offensés. Une caricature est souvent plus loquace qu'un long discours, plus parlante qu'une savante explication. Celle qui fait fureur en ce moment montre Ségolène Royal en train de se frotter les mains devant ses collaborateurs avec cette légende enthousiaste et pleine de promesses : «Allez les enfants! Trouvez-moi des sujets sur lesquels je puisse m'excuser au nom de la France». Ségolène Royal semble avoir trouvé un filon, celui de lister les faux pas de Nicolas Sarkozy et de présenter des excuses pour tenter de réparer le tort des offensés. Le premier essai a été transformé à Dakar, lorsque voulant mettre du baume au cœur de «l'Homme africain» injustement critiqué par le président de la République, elle présenta des excuses au nom de la France. La polémique fut si vive et les réactions si violentes qu'en bonne politicienne, Ségolène Royal en a flairé l'énorme potentiel. Et la question fut posée : Allait-elle s'arrêter à ce stade ou continuer à explorer cette technique qui consiste à pointer les défaillances de son adversaire en s'excusant à sa place ? L'attente ne fut pas longue. L'occasion lui a été offerte par les propos jugés injurieux de Nicolas Sarkozy à l'encontre du Premier ministre espagnol José Luis Zapatero. Dans une tournure de phrase assez alambiquée, il lui est reproché de ne pas être assez intelligent. Un chassé-croisé de Unes franco-espagnoles enflammées a créé le grand buzz. Cela a suffi au bonheur de Ségolène Royal. Voilà en si peu de temps, avait-elle jugé, que la seconde occasion vient de se présenter pour planter un second couteau dans le dos de Nicolas Sarkozy. Et de sa plus belle plume, elle écrit une belle lettre d'excuses à son collègue socialiste Zapatero, offensé par le langage «jeune et vivant» de Nicolas Sarkozy pour reprendre l'expression utilisée par Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères. Les braises de la polémique sur Dakar était encore fumantes. Les excuses au Premier ministre espagnol ont ravivé le feu avec une violence du propos rarement atteinte. Alors que sur Dakar, Ségolène Royal pouvait compter sur le soutien de l'appareil socialiste, la voilà qui doit composer aujourd'hui avec les critiques de sa propre famille politique. Les socialistes français sont montés au créneau, par leur silence ou par leurs critiques ouvertes pour reprocher à leur ancienne candidate à la présidentielle le mauvais coton qu'elle est en train de filer. Jack Lang, un des éléphants socialistes qu'on décrit comme une offre permanente de service à Nicolas Sarkozy, a été sans aucun doute celui qui a décoché les flèches amicales les plus envenimées : «Comment peut-on à partir de rumeurs non vérifiées et même infirmées par les participants à ce déjeuner, s'adresser au chef de gouvernement espagnol au nom de la France? (…) C'est démesuré, disproportionné et surtout inadéquat (…) J'ai envie de dire à nos amis espagnols: excusez-la, pardonnez-lui!» Les socialistes on rejoint l'énorme vague de critiques lancée par la majorité présidentielle. UMP et gouvernement ont senti le piège dans lequel Ségolène Royal tentait d'enfermer Nicolas Sarkozy et ont sorti la grosse artillerie pour démolir l'intrigante. Brice Hortefeux, ministre du Travail, se veut ironique : «Ségolène Royal est atteinte de palilalie, trouble de la parole dont souffrent les personnes répétant systématiquement le même mot. Nous venons donc de découvrir la «royalalie», nouvelle forme de palilalie, qui consiste à demander pardon à tout le monde et à tout bout de champ». Il n'est pas du tout certain que cette vague d'indignations et de critiques à gauche comme à droite suffise à dissuader Ségolène Royal de faire feu de tout bois pour s'opposer à Nicolas Sarkozy. Ce qui est en jeu est beaucoup plus important que les polémiques de façade sur l'identité de la personne habilitée à parler au nom de la France que ce soit à Dakar ou à Madrid. Ce qui se joue n'est ni plus ni moins que la place de challenger numéro un de Nicolas Sarkozy pour préparer l'alternance. Et Ségolène Royal est prête à tout pour l'occuper. La nouveauté relative que montre cette récente polémique est que «ses amis» socialistes sont aussi prêts à tout pour l'en empêcher.