Pour avoir menacé son amant de le dénoncer auprès de sa femme s'il ne se mariait pas avec elle, Hasna a été égorgée et découpée en morceaux. Le mauvais sort poursuivait Hasna depuis la naissance. Issue d'une famille indigente qui habite à Béni Makada (Tanger), elle n'a jamais connu d'opulence depuis qu'elle avait ouvert les yeux sur la vie en 1984. Pourtant son père qui ne gagnait sa vie qu'avec beaucoup de difficultés et sa mère qui était femme au foyer espéraient le plus bel avenir pour elle. Ejectée très tôt de l'école, elle est restée à la maison. Jamais, elle n'a pensé apprendre un métier ou à venir en aide à sa famille. Au fil du temps, ses besoins grandirent. La misère de sa famille dévorait ses rêves et ses ambitions, elle ne savait plus où donner la tête. Que faire pour s'en sortir ? Elle l'ignorait. Adolescente, Hasna est devenue une belle jeune fille. Elle en jouait. Sa beauté plaisait à tout le monde, mais elle n'en avait cure. Ce qui l'intéressait, par-dessus tout, c'était de trouver un bon mari : un homme qui soit sérieux, qui l'aime, qui prenne soin d'elle et qui puisse la protéger des aléas de la vie. Aura-t-elle la chance de le trouver ? Possible. Le jour où elle avait fêté son vingt et unième printemps, elle a décidé de faire un tour en ville. A peine eût-elle quitté son quartier qu'un homme a commencé à la suivre comme son ombre. Que voulait-il d'elle ? Elle a fait semblant de n'avoir rien remarqué et elle a continué son chemin, mais plus lentement qu'auparavant. L'homme s'est approché d'elle et lui a chuchoté quelques mots mielleux dans l'oreille. Quand elle s'est apprêtée à lui lancer un beau sourire, elle a remarqué qu'il avait l'âge de son père. «C'est mieux qu'un jeune…», a-t-elle pensé. Chemin faisant, l'homme a fini par l'inviter à prendre un café. Elle n'a pas refusé. Il peut l'aider à surmonter sa tristesse. Sitôt attablés, leur conversation tournera autour d'un seul point : comment faire pour continuer à se voir. Peu importait pour elle l'âge de son vis-à-vis. En lui, elle croyait avoir trouvé l'homme auquel elle pensait pouvoir se confesser. Ceci d'autant plus qu'il lui inspirait confiance et qu'il ne lui avait rien caché de sa vie. Il lui a dit qu'il réside à l'étranger et est âgé de soixante ans, qu'il est marié avec une Marocaine qui habite en Belgique et qu'il est père d'un seul enfant. Il lui a expliqué qu'il vient souvent au Maroc et que, depuis qu'il a pris sa retraite, il séjourne chaque fois que possible dans sa ville natale, Tanger. Et il lui a précisé qu'il avait besoin d'une femme avec laquelle il voulait passer de bons moments de temps à autre. Elle lui a donc proposé ses services. Seulement, elle lui a expliqué qu'elle ne peut s'aventurer à le faire que s'il la demandait en mariage. Le sexagénaire lui a promis de le faire dans un avenir proche. «Mais il faut attendre parce qu'il est difficile pour moi de me marier maintenant étant marié en Belgique», lui a-t-il expliqué. Convaincue, elle a commencé à l'accompagner de temps en temps chez lui et de partager son lit. En contrepartie, il était généreux avec elle. Il lui versait de l'argent et lui rapportait des cadeaux à chaque retour au Maroc. Et le mariage ? Il lui a fallu beaucoup de temps pour comprendre qu'il n'en voulait pas. Tout ce qu'il voulait, c'était de faire l'amour avec elle. Nombre de fois, elle lui a demandé de venir demander sa main. Nombre de fois, il a trouvé maints prétextes pour ne pas s'y résoudre. Que faire alors ? Hasna lui a subtilisé son passeport, sa carte de séjour en Belgique et une grosse somme d'argent. C'était le seul moyen pour elle de faire pression sur lui. Elle l'a même menacé de dévoiler leur relation à tout le monde. Un comportement qui a commencé à le gêner. «Il faut que tu mette fin à cette mascarade», lui a-t-il dit. Devant son refus, il décide de passer à l'acte. Vendredi 13 janvier. Il invite Hasna chez lui afin, dit-il, de régler la question du mariage. Etait-ce là son objectif ? Non. Quelques minutes après son arrivée, le MRE courut vers la cuisine pour retourner à la chambre avec un grand couteau à la main. Comme un monstre, il s'est jeté sur elle, l'a immobilisée pour l'égorger comme un mouton. Après quoi, il l'a découpée en petits morceaux. En tout, il a coupé le corps en douze morceaux avant de chercher à s'en débarrasser. Seulement ses lettres que la victime a gardées chez elle ont mis les policiers sur sa piste.