Avec la complicité d'un malfrat, un coiffeur a tué, au quartier Anassi, à Casablanca, le frère d'un mécanicien, avec lequel il entretenait une relation homosexuelle. Le mobile était le vol. Nous sommes au quartier Anassi, à Casablanca. Abdeljalil était chez lui, cette nuit du mardi 24 novembre, en compagnie de son frère Fouad et de sa maîtresse. Pour eux, il n'était jamais honteux de se droguer, de s'enivrer et de passer ensemble des nuits blanches en compagnie de prostituées. «Je dois partir… Je ne peux pas passer la nuit chez toi», a chuchoté la jeune fille à l'oreille de son amant Abdeljalil. La maîtresse d'Abdeljalil s'est habillée, a pris son sac à main et a demandé à son amant de la raccompagner à Mohammédia où elle habite. Sans hésitation, il a mis sa veste et l'a conduite à bord de sa voiture jusqu'à «la ville des fleurs». Après quoi, il a rebroussé chemin. Abdeljalil a garé sa voiture avant de se diriger vers son appartement. Quand il est arrivé devant la porte, il a remarqué qu'elle était ouverte. Pourquoi? Son frère est-il sorti sans la fermer ? Peut-être. Surtout qu'il était ivre. Il y est rentré. «Fouad, Fouad…», appelait-il son frère en avançant tout doucement comme s'il craignait d'être surpris par un intrus. Il a mis les pieds dans la chambre à coucher. Et c'était la mauvaise surprise qui a dépassé son imagination. Inconcevable. Son frère, Fouad, est corps sans âme. Égorgé et présentant plusieurs autres coups à l'aide d'un objet tranchant au niveau de son cœur et de sa main, le cadavre gisait dans une mare de sang. Qui a commis ce meurtre? Pourquoi ? Quand? Perturbé, Abdeljalil n'a su à quel saint se vouer. La réalité le dépassait. Il n'avait d'autre choix que d'alerter la police. Les limiers de la police judiciaire de la sûreté de Sidi Bernoussi se sont dépêchés sur les lieux. Du constat d'usage, ils ont entamé les interrogatoires avec Abdeljalil et avec quelques voisins. Outre le meurtre, une somme de vingt mille dirhams a disparu. Les enquêteurs sont convaincus que le meurtre n'était pas l'objectif en soi-même. Ce qui a rejeté l'hypothèse d'une vengeance. Le mobile était le vol. Plusieurs autres questions se sont posées pour les enquêteurs : pourquoi l'auteur (ou les auteurs) du crime a choisi entre le moment de la sortie et du retour d'Abdeljalil ? Savait-il que Fouad était à l'intérieur de l'appartement ou non ? Les investigations ont duré toute la nuit. Mais, une information a attiré l'attention des enquêteurs : Abdeljalil est bisexuel. Il couchait aussi bien avec sa maîtresse qu'il avait conduite à Mohammédia qu'avec un jeune homme, coiffeur de son état. Est-il l'auteur du crime ? Peut-être. Surtout qu'il était au courant de la somme d'argent. Où est-il ? Mercredi 25 novembre. Les recherches policières se poursuivaient encore. Par le biais d'Abdeljalil, ils sont arrivés à l'arrêter. Il portait une casquette appartenant au défunt et des sandales entachées de quelques gouttes de sang. Dans ses poches, les policiers ont trouvé une somme de trois mille neuf cents dirhams ! Le coiffeur a craché le morceau. C'est lui l'auteur du crime, avec la complicité d'un ami. Le mis en cause a avoué avoir une relation homosexuelle avec Abdeljalil. Celui-ci lui versait de temps en temps de l'argent. Et quand il lui a demandé dernièrement de l'argent, il a refusé de lui en donner. «J'étais au courant qu'il dissimulait une somme d'argent chez lui et j'ai décidé de la lui subtiliser», a-t-il avoué aux enquêteurs. Il a proposé l'idée à son ami qui a accepté aussitôt de participer au vol. Tous deux se sont plantés un peu loin de la demeure d'Abdeljalil. Quand il a quitté les lieux en compagnie de sa maîtresse, ils sont passés à l'acte. Ils croyaient qu'il n'y avait personne dans l'appartement. Malheureusement, ils se sont retrouvés face-à-face avec Fouad. Et c'était le drame. Le complice a été arrêté. Vendredi 27 novembre, la veille de la fête du sacrifice. Les deux mis en cause ont été conduits par les limiers de la sûreté de Sidi Bernoussi à l'appartement pour la reconstitution du crime.