Khouribga. Elle a accouché d'un enfant indésirable, issu d'une relation extra-conjugale et l'a «vendu» pour 500 dh. Après réconciliation avec son amant, elle a voulu le récupérer en le volant à la mère adoptive. Elle a vingt-quatre ans et demeure à Khouribga. Elle n'avait aucune possibilité de choisir, dans la vie. Quand elle a commencé à prendre conscience, elle s'est retrouvée entourée de ses parents, frères et sœurs qui ne dégustaient que la misère, qui tiraient la bouchée, comme dit l'adage marocain, de la bouche du lion, qui ne lui avaient pas permise de mettre les pieds à l'école, qui l'ont jetée, adolescente, à son propre sort. Elle a commencé à se débrouiller pour aider sa famille. Tantôt, elle travaillait chez des familles et tantôt elle se prostituait. Au fil des jours, elle a rencontré un jeune homme, la trentaine, soldat de son état. Elle lui a plu. Il lui a proposé de s'attabler dans un café pour quelques minutes. Elle n'a pas refusé. D'une rencontre à l'autre, elle a découvert pour la première fois qu'un homme s'intéresse à elle, comme un être humain et non pas seulement comme un corps. Elle a commencé à s'absenter, de temps à autre,du domicil familial. Elle accompagnait son amant chez lui et passait des nuits dans son lit. Ils vivent depuis comme des époux au point qu'elle ne se rend plus chez elle que pour verser quelques sous à ses parents. Son amant était généreux. Il répondait à ses besoins sans la moindre hésitation. Certes, ses demandes étaient à sa portée puisqu'elle ne réclamait que la nourriture, l'habilement et un bon lit avec un peu de tendresse. Les jours passent en un clin d'œil. Leur relation est arrivée, en été 2002, à sa première année et demie. Les problèmes commencent à brouiller leur relation. Ils commencent à hausser la voix. La raison ? Son ventre est déjà bombé. Elle est enceinte. « Que dois-je faire de cet enfant ? », lui demandait-il. «C'est le mien et je ne l'abandonne pas. Je rêvais depuis longtemps d'avoir un mignon de toi…», lui répondait-elle. Son neuvième mois de grossesse est arrivé. Elle a accouché d'un bébé qui ressemble à son père. « Tu dois te débrouiller pour l'abandonner », lui dit son amant fermement. Il ne trouvait rien à dire que : «Sinon, faudra que tu partes…». Elle s'est retrouvée entre le marteau de son amant et l'enclume de son nouveau-né. Elle a choisi enfin de l'abandonner en le « vendant » à une voisine qui souhaitait adopter un enfant. La contrepartie était cinq cents dirhams. Elle est retournée chez son amant sans rien lui dire. Elle s'est contentée de lui verser la somme. Il l'a empochée avant de sortir au café. Et comme s'il s'est réveillé d'un profond sommeil. Il n'a jamais pensé rendre son fils esclave. Comment arrive-t-il priver son amante de son nouveau-né et vendre son fils ? pense-t-il. Vite il a retrouvé son amante pour lui demander de récupérer son enfant. « Excuses-moi de mes comportements, tu dois récupérer notre enfant et nous allons nous marier », lui explique-t-il. Elle était très contente. Elle n'a jamais senti une telle joie au point que ses yeux ont fondé en larmes. Le lendemain, elle s'est rendue chez la femme adoptive. Elle ne lui a rien dit ni demandé comme si elle était venue pour rendre visite à son enfant. Une fois la femme adoptive est rentrée à la cuisine pour lui préparer du thé, la jeune fille a mis la main sur son bébé et sur mille six cents dirhams qui étaient dans un armoire avant de rebrousser chemin. La femme adoptive, en rentrant à la chambre, n'a trouvé ni le bébé ni sa mère. Elle n'est pas restée les mains croisées. Mais elle s'est dépêchée au commissariat de police pour les alerter.