Une jeune femme a pris l'enfant de son amie, fruit d'une relation extraconjugale, et l'a vendu à huit cents dirhams à un couple stérile. Nous sommes le jeudi 7 août à la salle d'audience de la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance à Marrakech, l'assistance attendait l'examen d'une affaire exceptionnelle. «Rabiâ, Âtika, Malika, Mohamed et Hassan…», a appelé le juge. Une seule femme était en état d'arrestation, à savoir Rabiâ. Les deux autres femmes et les deux jeunes hommes étaient poursuivis en état de liberté provisoire. Le juge qui regardait l'un des documents du dossier s'est adressé à eux : «Rabiâ, tu es accusée de recel d'un enfant et sa présentation matériellement comme né d'une femme qui n'est pas accouchée, Malika et Mohamed, vous êtes poursuivis pour complicité au recel d'un enfant et Âtika et Hassan, vous êtes accusés de débauche ayant entraîné l'accouchement d'un enfant… ». Chacun des cinq suspects a commencé à répondre aux questions de tribunal. Si Malika, son mari, Mohamed et Rabiâ ont nié les charges retenues contre eux, Âtika et Hassan ont avoué leurs délits. De quoi s'agissait-il ? Cette histoire a commencé il y a deux ans. C'était un jour d'été quand Âtika est passé, à Jemaâ El Fna, devant les yeux de Hassan. Ce dernier a ressenti comme un courant électrique qui a électrocuté ses veines. Etait-il un coup de foudre ? Peut-être. Une chose était certaine : Hassan a décidé de suivre ses pas, de la draguer, de l'inciter à lui parler et de la mettre dans ses filets. Une démarche qui ne lui a coûté qu'une demi-heure pour qu'il se retrouve avec Âtika autour de la même table d'un café. Au fil du temps, l'amour est devenu sentiment essentiel pour qu'ils deviennent une seule âme. Seulement, personne ne savait pour quelle raison ils n'ont pas pris l'initiative de fonder un foyer conjugal. Bien qu'ils aient tous les deux trente ans, ils ont continué à vivre sans penser au mariage. Deux ans plus tard, Âtika est tombée enceinte. Accouchant d'un garçon, Yahya, elle est devenue une mère-célibataire. Une situation qui l'a rendue indésirable par sa propre famille. Âtika a été chassée de chez elle et elle a rejoint Rabiâ, l'une de ses amies. Elle avait l'intention de séjourner chez elle au moins quelques jours avant que son amant se débrouille pour avoir un toit pour eux. Quatre jours plus tard, Âtika est sortie de chez son amie pour faire des courses. Quand elle est retournée, elle n'a trouvé ni son enfant ni son amie. Peut-être que cette dernière l'a emmené avec elle quand elle était également sortie. Tout d'un coup, Rabiâ est retournée chez elle sans l'enfant. Où est Yahya ? «Il n'était pas avec toi», lui a répondu Rabiâ. Perturbée, Âtika a téléphoné à son amant et lui a demandé s'il avait pris l'enfant. Sa réponse était négative. La main dans la main, ils se sont tous deux adressés à la police et ont déposé une plainte. Ils ont réclamé la récupération de leur enfant, fruit de leur amour. Une enquête a été diligentée. Et après vingt-quatre heures, l'affaire a été élucidée. Que s'était-il donc passé ? Quand Âtika est sortie faire ses courses, son amie, Rabiâ, a pris l'enfant pour le remettre à un couple stérile. Mohamed et son épouse Malika avaient l'intention d'adopter un enfant contre une somme d'argent de huit cents dirhams. L'enfant a été retrouvé chez eux et a été récupéré par ses parents. Jugés coupables, Rabiâ a été condamnée à un mois de prison ferme assortie d'une amende de deux mille dirhams, alors que les parents naturels de Yahia et les deux maris qui avaient l'intention de l'adopter ont écopé un mois avec sursis.