À Marrakech, un octogénaire a été condamné à un mois de prison ferme pour avoir abusé d'un mineur handicapé moteur. Nous sommes à Marrakech, la ville ocre. La salle d'audience N° 2 de la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance est archicomble. La majorité de l'assistance attendent l'examen d'un dossier qui semble être exceptionnel. Exceptionnel non pas parce qu'il s'agit d'une affaire hors du commun, mais parce que le suspect est un vieil homme, âgé de quatre-vingt-cinq ans. Veuf, Mohamed, père de six enfants et grand-père de plusieurs petits-enfants, jouissait d'une bonne réputation au douar Balla, caïdat d'Al Ouidane, situé à Ourika, à une trentaine de kilomètres de la ville de Marrakech. Il était l'un des hommes du douar les plus respectés et les plus appréciés. Mais, son image n'est plus celle de cet homme sage depuis qu'il a été surpris en compagnie d'un mineur handicapé moteur à l'intérieur d'un domicile abandonné du douar. C'est par hasard que le gardien d'une ferme du douar y a mis les pieds quand il a découvert face à lui le vieil homme qui abusait de l'enfant. En fait, il n'a pas cru ses yeux. L'homme, octogénaire, l'a supplié de ne pas divulguer ce qu'il a vu. Seulement, le gardien de la ferme n'a pas pu faire semblant qu'il n'a rien vu. Il a appelé les habitants du douar et a alerté les gendarmes qui sont venus l'arrêter. Appelé par le magistrat qui examinait l'affaire, Mohamed a traîné ses pas jusqu'au box des accusés. Il n'a pu fixer ni l'assistance, ni le magistrat. Ses yeux ne fixaient que le sol au point que le magistrat lui demandait à chaque fois de lever sa tête pour le voir. « J'ai honte et je regrette ce que j'ai fait, M. le juge », a balbutié Mohamed. Il était dans un coin du douar quand il a remarqué l'enfant, handicapé moteur, qui jouait tout seul non loin de chez lui. Il l'a appelé. L'enfant qui le considérait comme son grand-père l'a rejoint en souriant. L'octogénaire a mis sa main dans sa poche et a fait sortir deux dirhams qu'il a remis à l'enfant. Mais sans le laisser partir. Il l'a sollicité de l'accompagner à la maison abandonnée. Innocent, l'enfant l'a suivi. Tous deux y sont entrés. Le vieil homme a déboutonné le pantalon de l'enfant avant de défaire le sien. Il lui a demandé de s'allonger et a commencé à abuser de lui. «Non, M. le juge, vu mon âge, je n'ai pas pu lui faire quelque chose», a-t-il répondu quand le juge lui a demandé s'il avait abusé de l'enfant. Mohamed a reconnu avoir tenté vainement d'abuser de l'enfant qui l'a accompagné de son plein gré à la maison abandonnée. Il a avoué également lui avoir donné deux dirhams. Cet octogénaire qui a regretté son comportement, a demandé pardon en sanglotant. Et après les délibérations, le tribunal l'a condamné à un mois de prison ferme assortie d'une amende de 500 dirhams.