Cinq journalistes ont été condamnés en Algérie à des peines de prison ferme. Parmi les accusés, figurent le directeur du Matin, Mohamed Benchicou, et Hassane Zerrouky, journaliste à l'Humanité. Le tribunal d'Alger a condamné des journalistes du quotidien le Matin, suspendu depuis le 23 juillet 2004, à des peines de prison, rapporte le quotidien algérois El Watan. Statuant sur deux affaires opposant Le Matin au ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, et à l'homme d'affaires émirati Ali Al Shorafa, le tribunal a rendu son verdict le mardi 19 avril 2005. Le directeur de publication et gérant du quotidien, Mohamed Boualem Benchicou, a écopé de deux peines de prison ferme. Trois mois de prison ferme dans l'affaire qui l'oppose à Chakib Khelil et deux mois dans celle qui l'oppose à Al Shorafa ainsi qu'une amende de 50 000 dinars algériens. Mohamed Boualem Benchicou n'était pas le seul à être condamné à une peine d'emprisonnement, mais aussi quatre autres journalistes. Il s'agit, pour la première affaire, de Youcef Rezzoug, ancien rédacteur en chef du Matin, et du journaliste Yasmine Ferroukhi. Ils ont été condamnés, chacun, à trois mois de prison ferme et à 50 000 DA d'amende. Cela en plus de la publication à leurs frais d'un encart comportant le verdict du jugement dans deux journaux. Il faut noter que la plainte a été déposée par le ministère de l'Energie et des Mines suite à un dossier paru le 7 août 2003. Dans le dossier intitulé « Où va l'argent de Sonatrach ? », des articles évoquaient la nomination de défunt Djamel Eddine Khan, quelques mois avant sa mort, à la direction de Sonatrach et l'acquisition, par cette dernière, des deux tours Chaâbani à un prix excessif. Les journalistes ont écrit que l'argent de cette société publique avait servi au financement de la campagne électorale du candidat Bouteflika à la présidentielle de 1999. Les deux autres journalistes, Abla Chérif et Hassane Zerrouky, incriminés dans la deuxième affaire, ont été condamnés à de deux mois de prison ferme plus une amende de 50 000 DA chacun. Eux aussi prendront en charge les frais de la publication du verdict dans deux journaux. Abla Chérif et Hassane Zerrouky avaient écrit dans le journal, en 2003, des articles qui citent le milliardaire émirati comme actionnaire dans Orascom Telecom, société égyptienne qui a décroché la deuxième licence de téléphonie mobile en Algérie. « Il y a les témoignages d'un ancien associé d'Al Shorafa, Ali Borhan, et des articles de la presse internationale. Je me suis interrogé sur le fait que le Président puisse recevoir avec autant d'honneurs un homme d'affaires qui profite de cette amitié pour avoir des privilèges », avait déclaré le directeur du journal le jour du procès, rapporte le quotidien algérois. La journaliste Abla Chéfir avait évoqué, de son côté, des entretiens accordés aux quotidiens arabophones El Youm et El Fadjr, où Al Shorafa a reconnu avoir des liens avec Orascom et a affirmé avoir pris de nombreux marchés. Quant à Hassane Zerrouky, également journaliste à l'Humanité, quotidien français de gauche créé en 1904, il a souligné qu'il exprimait dans son article un point de vue analytique sur les faits déjà publiés dans la presse aussi bien nationale qu'internationale. Le quotidien El Watan a précisé que les cinq condamnés feraient appel dans les dix jours à venir. Par ailleurs, le quotidien a ajouté que Benchicou, condamné à deux ans de prison ferme le 14 juin 2004 par le tribunal d'El Harrach, pourrait bénéficier d'une liberté conditionnelle après avoir purgé presque la moitié de sa peine. Le collectif d'avocats de Benchicou a motivé la demande de liberté conditionnelle par « une requête du médecin de la prison ». Ainsi, le collectif d'avocats estime que son mandant est dans un état de santé lamentable. • Rachid Abbar avec agences