La justice algérienne a prononcé de nouvelles condamnations, allant de deux à six mois de prison ferme, à l'encontre de trois journalistes et d'un caricaturiste de la presse privée, dans deux affaires de diffamation contre le chef de l'Etat et des officiers supérieurs de l'armée. Le tribunal de la commune de Sidi M'hamed, statuant dans ce que la presse dénomme "les procès de mardi contre les journalistes", a ainsi condamné le journaliste Kamal Amarni, du "Soir d'Algérie" et Fouad Boughanem, directeur du journal, respectivement à six mois et deux mois de prison ferme, en plus d'une amende de 250.000 dinars à chacun d'eux et une autre de 2.500.000 dinars contre la publication. Ils ont été mis en cause pour un article publié durant la campagne pour les présidentielles de 2004 qui évoque l'utilisation de moyens de l'Etat à des fins électorales. Lors d'un autre procès, le caricaturiste du journal "Liberté", Ali Dilem a été condamné à six mois de prison ferme et à une amende de 250.000 dinars dans une affaire l'opposant au ministère de la défense à propos d'une caricature datant du 29 novembre 2001, que des généraux ont estimé diffamatoire pour leurs personnes en ce qu'elle assimile des dons qu'allaient faire des généraux aux sinistrés des inondations de Bab El Oued (10 novembre 2001) à des "restitutions". L'ancien directeur de "Liberté" Abrous Outoudert a été lui aussi condamné à une peine de deux mois de prison ferme et à une amende équivalente à celle de Ali Dilem. Cinq journalistes du quotidien "Le Matin", dont le directeur Mohamed Benchicou, en prison depuis juin 2004, ont été condamnés en avril dernier à des peines allant de trois à deux mois de prison ferme, pour diffamation, rappelle-t-on. Le tribunal d'Alger avait alors condamné les journalistes Abla Chérif et Hassan Zerrouki à deux mois de prison ferme, suite à une plainte pour diffamation déposée par un homme d'affaires émirati, concernant un article publié en 2002. Deux autres journalistes du Matin, - journal qui a cessé de paraître depuis le 24 juillet 2004- Youcef Zerroug et Yasmine Ferroukhi, avaient écopé de trois mois de prison ferme pour diffamation, dans une autre affaire relative à des écrits mettant en cause un ministre. Le directeur du Matin, arrêté en juin 2004 et condamné à deux ans de prison ferme, pour infraction à la législation sur le change (des bons de caisses ont été trouvés dans ses bagages à son retour d'avion à Alger en provenance de Paris, en août 2003), s'était vu aussi infliger deux mois de prison ferme aux termes de ces procès. Il est à rappeler qu'un rassemblement des journalistes a eu lieu, mardi à la Maison de la presse à Alger, pour marquer leur soutien à Mohamed Benchicou, un an après son emprisonnement. Ont pris part à ce rassemblement le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme, Me Ali Yahya Abdennour et les animateurs du "comité Benchicou pour les Libertés". Ce dernier a rendu public un communiqué dans lequel a fait part de ses "grandes inquiétudes" concernant "les méthodes répressives" employées contre la presse libre, "victime d'un harcèlement jamais atteint depuis 15 ans" au point qu'elle se trouve menacée dans son existence même". Il est à rappeler qu'une journée de solidarité avec les journalises algériens a été organisée mardi à Bruxelles, sous l'égide de la Fédération internationale des journalistes et "Journalists at your Service" (réseau mondial de soutien aux médias).