Le représentant d'Israël en Ethiopie, Avraham Neguise, a été éconduit lundi 7 avril du siège de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba lors d'une commémoration dédiée au génocide perpétré contre les Tutsi du Rwanda en 1994. Cette éviction, motivée par l'opposition manifeste de plusieurs Etats membres de l'organisation continentale à la présence du responsable diplomatique, a provoqué une réaction indignée du ministère israélien des affaires étrangères, qui y voit une insulte à la solennité de l'événement. «Il est proprement révoltant que, dans le cadre d'une cérémonie honorant la mémoire des victimes de l'extermination des Tutsi, le président de la Commission de l'Union africaine, originaire de Djibouti, ait délibérément introduit des considérations hostiles à Israël, en contradiction flagrante avec l'esprit de recueillement», a déclaré Oren Marmorstein, porte-parole du ministère, dénonçant une «falsification de l'histoire» et une atteinte «à la dignité des morts.» Organisée chaque année dans la salle Nelson Mandela, cette cérémonie rappelle le massacre de quelque 500 000 à 662 000 Tutsi, exterminés en l'espace de cent jours à partir du 7 avril 1994. Le Rwanda en a fait un jalon majeur de sa mémoire nationale, et l'Union africaine y voit un moment de gravité collective. M. Neguise, ancien député du Likoud et fervent défenseur de la cause des Falash Mura — descendants de juifs éthiopiens sollicitant leur aliyah vers Israël — a été nommé ambassadeur à Addis-Abeba en août 2024. Certains gouvernements africains lui reprochent des propos perçus comme désobligeants à l'égard des autorités éthiopiennes, tenus dans le cadre de son engagement communautaire. L'exclusion de l'ambassadeur israélien a reçu l'approbation du Hamas, mouvement palestinien classé comme organisation terroriste par l'Union européenne (UE), les Etats-Unis et Israël. Dans un communiqué, le groupe islamiste s'est félicité de ce qu'il qualifie de «posture honorable» et a appelé à soustraire les enceintes internationales à toute forme d'instrumentalisation par l'Etat hébreu, qu'il accuse de commettre un «génocide» à Gaza. Le Hamas avance un bilan de plus de 50 000 morts palestiniens depuis octobre 2023. La diplomatie israélienne a fait savoir qu'elle prendrait des mesures pour exprimer officiellement son désaveu, estimant que l'éviction de son représentant relève moins d'une querelle protocolaire que d'un «acte de disqualification politique aux dépens d'un devoir sacré de mémoire.»