Le Rwanda commémore demain dimanche le 25e anniversaire du génocide de 1994, qui a fait près d'un million de morts, un exercice douloureux de mémoire pour honorer le souvenir des victimes, sensibiliser les jeunes générations et saluer la force de réconciliation du peuple rwandais et revenir sur l'histoire pour prémunir et immuniser l'avenir. Placée sous le signe « souvenir, unité et renouveau », la commémoration de cet anniversaire lamentable sera lancée, comme à l'accoutumé, par le président rwandais Paul Kagame qui allumera une flamme de mémoire au Centre du mémorial du génocide de Gisozi à Kigali, ouvrant une période de deuil national de cents jours. Cette journée solennelle sera suivie d'une semaine d'activités commémoratives, faite de veillées, de programmes de sensibilisation destinés principalement aux jeunes et de conférences-débats sur des thématiques liées à l'histoire, aux causes et circonstances du génocide ainsi qu'aux défis et challenges provoqués par ce crime contre l'humanité. « Le plus grand enjeu du Rwanda post-génocide a été de parvenir à la réconciliation et de reconstruire l'unité nationale », a souligné le secrétaire général de la Commission nationale de lutte contre le génocide, Jean-Damascène Bizimana, lors d'une conférence organisée à la veille de la commémoration de ce triste anniversaire. Bizimana a rappelé qu'en 1994, le régime extrémiste était en mesure de mener un génocide contre les tutsi malgré l'engagement de la communauté internationale contre l'idéologie du génocide et les outils juridiques mis en place pour empêcher les crimes contre l'humanité. Construction d'un Etat de droit réconcilié « Durant un quart de siècle, la construction d'un Etat de droit réconcilié avec lui-même a été le défi essentiel du Rwanda », a-t-il ajouté. Le conseiller spécial des Nations Unies pour la prévention du génocide, Adama Dieng, a déclaré à cette occasion, que le peuple rwandais a démontré laborieusement au monde que la détermination l'emporte toujours face aux adversités de la vie. « Le 25e anniversaire du génocide contre les tutsi devrait non seulement être une période de réflexion sur les réalisations remarquables du Rwanda dans un quart de siècle, mais aussi sur ce que la communauté internationale a accompli dans sa quête d'empêcher la reproduction de telles tragédies », a-t-il dit. Le conseiller spécial de l'ONU, qui prend part à cette commémoration, a admis qu'en 1994, les Nations Unies avaient échoué au Rwanda. Saluant le rôle joué par le Rwanda dans les opérations de maintien de la paix dans plusieurs pays déchirés par la guerre, Dieng a exprimé la détermination de l'ONU de continuer à travailler avec le Rwanda en tant que partenaire pour la paix et le développement. Une success story Cette tragédie, perpétrée contre la minorité titsu par le régime extrémiste des Forces armées rwandaises et des miliciens hutu, a commencé le 7 avril 1994, au lendemain de l'assassinat du président Juvénal Habyarimana. Le génocide a pris fin le 4 juillet avec l'entrée à Kigali du Front patriotique rwandais (FPR), conduit par Paul Kagame qui a mis un terme aux massacres et ouvert la voie vers la réconciliation, l'union et la stabilité du pays. Fort des leçons du passé, le Rwanda se présente aujourd'hui, vingt-cinq ans après le génocide, comme une success story en termes de stabilité, de développement et de croissance et un modèle africain en matière de bonne gouvernance, de politiques sociales et de protection de l'environnement.