Sur Ordre du Roi Mohammed VI, le Chef du gouvernement, Saad Dine El Otmani, a pris part, dimanche à Kigali, à la commémoration du 25eme anniversaire du génocide rwandais de 1994, qui coïncide avec le 7 avril de chaque année. La participation du Royaume à la commémoration de cet anniversaire du génocide, placée sous le triple signe du souvenir, de l'unité et du renouveau, s'inscrit dans le cadre de la solidarité du Royaume avec le peuple rwandais et de sa forte volonté de consolider davantage les liens maroco-rwandais. Comme à l'accoutumé, le président rwandais Paul Kagame, accompagné de dignitaires invités, a donné le coup d'envoi des commémorations en déposant une gerbe de fleurs au Mémorial du génocide de Gisozi à Kigali, où reposent des milliers de victimes du génocide. Après avoir observé une minute de silence pour le repos des âmes des défunts, le chef d'Etat rwandais a ouvert un deuil national de cents jours en allumant la flamme de l'espoir qui devra y brûler durant les trois mois et dix jours qu'a duré le génocide entre avril et juillet 1994, faisant près d'un million de morts. « Les Rwandais se sont donnés un nouveau départ. Nous vivons dans un état de commémoration permanente, chaque jour, dans tout ce que nous faisons, afin de se souvenir et rester fidèles à nos choix », a déclaré le président Kagame au début des cérémonies. « Notre peuple a vécu suffisamment de souffrance et de tristesse, mais grâce à l'esprit vivant et la résilience des Rwandais, nous sommes parvenus à tourner la page. Nous avons pardonné mais nous n'avons pas oublié », a dit Kagamé, faisant allusion à l'immense douleur qu'éprouvent encore les rescapés du génocide et tous les Rwandais face à l'étendue de l'horreur qu'ils ont vécu dans cette période sombre de l'histoire du Rwanda. Tragédie Le chef d'Etat a fait observer que la peur et l'incertitude qui régnaient dans le passé au Rwanda ont été remplacées par la réconciliation, l'union et la détermination de travailler ensemble pour transformer le pays. En outre, Kagamé a dénoncé l'inaction de la communauté internationale lors des massacres perpétrés avant et durant le génocide de 1994, soulignant que « cette tragédie ne peut jamais se reproduire car aucune force ne peut créer aujourd'hui la division entre les Rwandais ». L'espoir du Rwanda repose aujourd'hui sur sa nouvelle génération qui doit incarner les valeurs de l'union, de paix et de solidarité pour transformer le pays, a-t-il ajouté. De son côté, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l'Union Africaine (UA), a exprimé à cette occasion la solidarité agissante de l'UA avec le peuple rwandais, rendant un vibrant hommage aux victimes du génocide. « La commémoration de ce triste anniversaire est l'occasion de se remémorer les erreurs qui ont marqué notre continent et toute l'humanité mais aussi de renouveler notre engagement à empêcher la reproduction de telles tragédies », a-t-il poursuivi. Pour sa part, le président de la commission européenne, Jean-Claude Juncker, a souligné que le Rwanda constitue un exemple à suivre en matière de courage et de réconciliation, saluant les progrès indéniables réalisés par le Rwanda en l'espace de 25 ans. Soutien et solidarité « Aucun réconfort ne peut soulager une douleur qui ne disparaitra jamais. La diffusion des valeurs de tolérance et de solidarité est le plus grand hommage qu'on peut rendre aux victimes », a-t-il dit, exprimant le soutien et la solidarité de l'Europe avec le Rwanda. Cette cérémonie a été également marquée par des interventions et témoignages d'invités de marque, notamment le premier ministre belge, Charles Michel, le président de Djibouti, Ismaïl Omar Guelleh et le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed. Cette cérémonie a été également rehaussée par la présence d'éminentes personnalités, dont le président du Niger, Mahamadou Issoufou, le président de la république du Congo, Denis Sassou-Nguesso, la gouverneure générale du Canada, Julie Payette et la secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo. Le génocide de 1994, perpétré contre la minorité tutsi par le régime extrémiste des Forces armées rwandaises et des miliciens hutu, a commencé au lendemain de l'assassinat du président Juvénal Habyarimana. Les massacres ont pris fin le 4 juillet avec l'entrée à Kigali du Front patriotique rwandais (FPR), conduit par Paul Kagame qui a mis un terme aux massacres et ouvert la voie vers la réconciliation, l'union et la stabilité du pays. Fort des leçons du passé, le Rwanda se présente aujourd'hui, vingt-cinq ans après le génocide, comme une success story en termes de stabilité, de développement et de croissance et un modèle africain en matière de bonne gouvernance, de politiques sociales et de protection de l'environnement.