Selon les premiers éléments de l'enquête, les deux bébés, âgés respectivement de huit mois et de deux ans, ont été admis entre samedi et dimanche matin aux urgences de l'hôpital de Hay Hassani à Casablanca présentant de graves complications médicales. Les deux bébés n'ont pas survécu. Les investigations révèlent que les enfants étaient confiés à une crèche « clandestine » contre rémunération gérée par une femme âgée de 54 ans. Cette dernière accueillait plusieurs enfants dans des conditions sanitaires jugées « inadaptées ». Les dépouilles ont été transférées à la morgue pour autopsie, en vue de déterminer avec précision les causes de leur décès, vraisemblablement liées à " des pathologies aggravées par un environnement de garde insalubre ". Les autres enfants présents sur les lieux, dont certains présentaient des signes de maladie, ont été également conduits à l'hôpital pour y recevoir les soins nécessaires et passer des examens médicaux. L'enquête se poursuit cependant afin de faire toute la lumière sur cette affaire et établir les responsabilités. Crèches,casse-tête des familles Cette affaire rappelle la nécessité de l'accompagnement des nouvelles mamans travailleuses et n'ayant personne à qui confier leurs bébés et ne pouvant arrêter de travailler. Selon Mohammed Houbib, psychosociologue et président de l'Association nationale de l'assistance sociale dans le secteur de la justice, dans une société en pleine mutation la famille moderne se retrouve à un carrefour délicat. « La crise des crèches représente un défi qui menace l'équilibre et la stabilité de la famille : Il ne s'agit plus ici d'un luxe ou d'un confort social, mais d'un droit fondamental des enfants, des mères travailleuses et de la cellule familiale en général », explique Houbib. Ce dernier note la nécessité d'accompagner le processus de modernisation, par des mesures garantes de son aboutissement. Décryptage ? « Pour instaurer les valeurs d'égalité et d'autonomisation des femmes, il ne faut pas faire l'impasse sur un pilier essentiel de cette équation : une garde d'enfants professionnelle, accessible et sécurisée. Comment demander à une mère d'être active, productive et présente sur le marché du travail, tout en laissant la question cruciale : « Où laisser mon enfant ? » sans réponse », ajoute le spécialiste. Parentalité « angoissante » « Le décès tragique de deux nourrissons dans une garderie illégale à Casablanca n'est pas un cas isolé. C'est le symptôme d'une crise plus profonde, d'un système lacunaire, miné par des vides juridiques, une absence de contrôle, et un désintérêt manifeste des politiques publiques», fustige le psychosociologue. Déplorant le coût parfois « faramineux » des garderies agrées, Houbib estime que les jeunes familles se heurtent à des obstacles qui vident la parentalité de son sens. « Une situation qui transforme la naissance d'un enfant en une aventure coûteuse et angoissante. La solution ? « L'Etat ainsi que les collectivités locales ont leur à jouer avec des crèches publiques bien gérées, encadrées et surtout accessibles. Pourquoi pas des incitations pour le secteur privé afin de développer des structures de garde respectant les standards en vigueur à des prix abordables ? », conclut le spécialiste.