Le 30 mars dernier, Yanis, 17 ans, se donne la mort à Thyez, en Haute-Savoie. Victime d'agression sexuelle à l'âge de 12 ans, le jeune homme venait d'apprendre la remise en liberté par la justice française de son violeur. Un drame qui a suscité de vives réactions en France tout en relançant le débat sur la prise en charge des mineurs victimes de violences sexuelles. Sous le hashtag Justice pour Yanis, des voix, particulièrement parmi la société civile, se sont élevées pour réclamer une réforme en profondeur du système judiciaire afin d'assurer une meilleure protection et un accompagnement adapté pour les jeunes victimes. Protéger les victimes « Le suicide de Yanis est un drame qui signe l'échec d'un système à protéger les victimes de violences sexuelles », déplore la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), dans un communiqué de presse publié le 18 avril. Appelant à modifier la loi, l'organisation réclame particulièrement le renforcement de l'accompagnement des victimes. Mêmes doléances du côté de la famille de Yanis qui affirme avoir été pris de court par la libération de son agresseur au bout de deux ans. Tout comme la Ciivise, ses proches veulent que la justice informe et accompagne mieux les mineurs victimes mais aussi leurs familles. « Une victime ne l'est pas seulement le jour de l'acte, mais tout au long de sa vie. Elle aura besoin d'être accompagnée et d'être prise en charge. Savoir son agresseur en liberté, ravive évidemment le traumatisme » soulève Solène Podevin-Favre, membre la Ciivise. Mauvaise surprise A noter que l'agresseur de Yanis avait déjà été condamné à double reprises pour des faits similaires. Quand l'adolescent a appris, par hasard, qu'il était sorti de prison en février dernier et qu'il vivait à 3 km de chez lui, le choc était trop fort pour lui tout comme pour sa famille, comme l'affirme cette dernière aux médias français. « Pour Yanis ça a été une remise à zéro, un tsunami, la demande de trop de la part d'un système judiciaire qui prononce une peine de cinq ans, il n'exécute finalement que deux ans et quatre mois, Yanis n'a pas pu passer son baccalauréat, il n'a pas pu fêter ses 18 ans...», déclare au microphone de France Bleu, Steffy Alexandrian présidente de l'association Carl qui accompagnait Yanis depuis le déclenchement de cette affaire en 2022. Information « obligatoire » De son côté, le procureur de la République de Bonneville a assuré aupravant qu'une lettre a été envoyée aux parents de Yanis pour leur indiquer que son agresseur avait été libéré. Une lettre que les parents affirment n'avoir jamais reçue. Si ce n'est pas une obligation légale pour la justice française de mettre au courant les mineurs victimes de la libération de leurs agresseurs, les activistes des droits des enfants estiment qu'il est temps d'instaurer légalement cette obligation d'information. « On l'a déjà mise en place pour les victimes de violences conjugales. À quel moment on a omis de s'intéresser aux enfants ? », conclut Steffy Alexandrian en remettant en question la « sévérité » des peines prononcées aggravant le sentiment d'impunité chez les victimes.