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Enquête sociologique : Le grand retour de « Moul dar »
Publié dans L'observateur du Maroc le 13 - 09 - 2024

Résultats surprenants du dernier sondage de Arab Barometer sur les tendances de l'opinion publique concernant le genre et la place de la femme au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Les femmes marocaines seraient particulièrement « lassées » de jouer les superwomen et de se donner à 200% au foyer familial et au milieu professionnel... C'est ce qui ressort, en partie, des résultats de l'enquête du Baromètre arabe réalisée en 2023-2024.
Le prix de l'émancipation
Selon cette dernière, les femmes marocaines soutiennent de moins en moins l'égalité des chances au niveau professionnel. Le pourcentage des Marocaines soutenant aujourd'hui l'égalité professionnelle a diminué de 11 points depuis 2007 pour atteindre 64%. « Les résultats des enquêtes du Baromètre arabe (2023-2024) montrent que l'évolution vers l'égalité des genres au Moyen-Orient et en Afrique du Nord a, au mieux stagné, et au pire régressé », constate Dr. Marie-Claire Roche, directrice de la technologie et de l'innovation au Baromètre arabe.
« Ces résultats montrent une diminution marquée du soutien à l'égalité des chances en emploi dans les pays objet de l'enquête notamment Liban, la Palestine et le Maroc (qui a marqué la plus forte baisse) », argumente la chercheuse. Cette dernière analyse ces résultats en notant l'impact des divers obstacles rencontrés par les femmes sur le marché du travail dans ce changement de tendance.
Facteurs aggravants
« L'enquête montre que le manque d'emplois et les faibles salaires sont les obstacles les plus fréquemment mentionnés pour accéder au marché du travail, tant pour les hommes que pour les femmes. Cependant, bien que ces deux facteurs soient considérés comme les principaux obstacles pour 55% à 78% des hommes, ils ne représentent pas une majorité pour les femmes, avec une proportion allant de 31% à 48% seulement », note Dr. Roche dans son rapport.
Cette disparité dans les perceptions reflète la reconnaissance par les citoyens des défis plus importants auxquels les femmes sont confrontées, y compris le manque de garde d'enfants, le manque de flexibilité des horaires de travail, explique la spécialiste qui rejoint le psychosociologue Dr Mohamed Houbib dans son analyse de cette « régression » (voir entretien).
Marche-arrière
Une « régression » sociale qui tranche avec les prétentions modernistes de la société marocaine actuelle et le « combat » féministe pour l'égalité des genres et des chances. Cette tendance se confirme avec le « regain d'intérêt » pour le modèle traditionnel du couple et de l'organisation familiale avec une autorité masculine prononcée, comme l'illustre l'enquête du Baromètre arabe.
Cette dernière nous apprend en effet que les femmes marocaines pensent que les hommes doivent avoir le dernier mot dans les décisions familiales. Une tendance en nette hausse en passant de 37% en 2022 à 53% en 2023-2024, soit une hausse de 16 points. Ce soutien reste particulièrement fort au Maroc comparé à d'autres pays de la région. Les hommes aussi veulent recouvrir leur « pouvoir » au sein de la famille : 70% des Marocains veulent avoir le dernier mot dans les affaires familiales. « Moul dar » serait ainsi de retour...
L'Arab Barometer est un réseau de recherche développé pour mesurer les fluctuations de l'opinion publique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Fondé en 2006, il est spécialisé dans la réalisation d'enquêtes d'opinion publique rigoureuses et représentatives à l'échelle nationale dans le monde arabe. Les résultats de ce sondage reposent sur sept enquêtes d'opinion publique représentatives de la Jordanie, Koweït, Maroc, Tunisie, Palestine, Liban et Mauritanie. Menées dans la région entre 2023 et 2024, ces enquêtes entrent dans le cadre du huitième cycle du Baromètre arabe.
Entretien
Houbib Mohammed, Psychosociologue
« Les femmes ne doivent pas sacrifier leur bien-être pour l'égalité »
Les femmes seraient épuisées de se battre sur plusieurs fronts et de prouver leur mérite au travail et au sein de la famille. Cette baisse de leur envie d'émancipation n'est que l'expression d'une énergie en forte usure. Explications du spécialiste.
L'Observateur du Maroc et d'Afrique : Comment expliquez-vous la baisse du soutien à l'égalité des opportunités dans le milieu de travail en particulier parmi les femmes ?
Mohmed Houbib : Ce recul peut s'expliquer par plusieurs facteurs à commencer par ceux culturels et sociaux. Ces derniers continuent de façonner la perception des femmes par rapport à qui doit occuper la position de décision, tant au sein de la famille qu'au sein du monde professionnel. Dans un contexte économique difficile, certaines femmes estiment que confier aux hommes le rôle décisionnel peut offrir une stabilité accrue que ça soit sur le plan familial ou professionnel. Il faut dire que malgré les apparences modernistes de notre société, elle demeure animée par des idées et une pensée basée sur des modèles sociaux traditionnels.
Il y aussi la possibilité d'un écart générationnel : Si les jeunes femmes semblent plus enclines à remettre en question les rôles traditionnels, les générations précédentes tendent à se tourner vers des valeurs plus conservatrices d'où ce regain d'intérêt pour le modèle «traditionnel » du couple et de la famille. Un modèle perçu actuellement par certaines femmes comme plus « naturel », plus « confortable » et moins éprouvant.
Les femmes seraient-elles épuisées de se battre sur deux fronts et de gérer d'énormes responsabilités en famille et au travail ?
L'un des facteurs qui peuvent expliquer cette nouvelle tendance est l'épuisement qu'elles subissent à la fois dans le travail et au sein de la famille. Ce phénomène d'épuisement est souvent le résultat d'une double charge : d'une part, les exigences toujours croissantes du monde professionnel et d'une autre part, les responsabilités domestiques et familiales qui leur sont traditionnellement assignées. Cette surcharge mène à un épuisement émotionnel, physique et mental. Un burn out impactant gravement leur bien-être et leur qualité de vie.
Confrontées à ces pressions cumulatives, de nombreuses femmes peuvent percevoir l'idée de l'égalité des chances comme une surcharge supplémentaire, plutôt que comme une opportunité. Elles doivent prouver leurs compétences professionnelles dans un environnement compétitif parfois peu favorable à l'égalité des sexes. Ceci tout en étant perçues comme les principales gestionnaires du foyer. Ce fardeau constant contribue largement à leur sentiment de fatigue et de frustration, influençant ainsi leur perception du rôle des femmes et des hommes dans la société.
Peut-on dire que l'Etat, la société et les employeurs n'aident pas les femmes marocaines à trouver leur place légitime dans la sphère professionnelle ?
C'est une responsabilité partagée. Il devient urgent de reconsidérer ces dynamiques de genre, tant dans la sphère professionnelle que familiale, afin de garantir une répartition plus équilibrée des tâches et des responsabilités. Promouvoir un véritable équilibre entre vie professionnelle et personnelle est essentiel pour prévenir cet épuisement et permettre aux femmes de participer pleinement à l'évolution de la société sans se sacrifier et sacrifier leur bien-être.


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