Depuis plusieurs jours, des professionnels de badminton publient des vidéos, en appelant à une sortie de crise pour lever le gel de l'adhésion de leur fédération nationale au sein des instances internationales. Une issue qui permettrait enfin aux joueurs, arbitres et techniciens de représenter le Maroc dans les compétitions à l'étranger. Depuis 2016, deux bureaux administratifs se disputent la gestion de la Fédération royale marocaine de badminton (FRMBA). En 2018, la justice a tranché en faveur de la liste menée par Marouane Bichi. En 2020, un jugement en appel a permis à ce dernier de récupérer les locaux de la fédération, que son prédécesseur a dû libérer. Aujourd'hui, des professionnels du badminton dénoncent une crise persistante. Mohamed El Ghouat, président de l'association Volant d'or badminton à Marrakech, a publié une vidéo il y a deux semaines. Il y critique l'existence de «deux fédérations» et un litige toujours non résolu. Contacté par notre rédaction à plusieurs reprises ce mercredi, l'ancien joueur et arbitre est resté injoignable. Driss Bourroum, professionnel évoluant en France mais représentant le Maroc à l'international, a également publié une vidéo appelant à une résolution de la crise par la tenue d'une assemblée générale. Il rappelle que la situation a entraîné le gel de l'adhésion de la FRMBA par l'instance internationale de badminton en 2021. Des joueurs sous drapeau neutre Premier athlète à avoir décroché un titre continental pour le Maroc dans ce sport, Driss Bourroum n'a pas pu arborer le drapeau national lors des Championnats d'Afrique de badminton 2025 à Douala, où il a remporté une médaille de bronze. Il se remémore ce moment comme particulièrement «difficile». «En 2023, certains athlètes comme moi ont obtenu une dérogation pour jouer sous drapeau neutre (blanc), mais ce choix a été très difficile, car cela signifie participer sans hymne sur les podiums. Les arbitres, quant à eux, sont totalement exclus», a-t-il déclaré à Yabiladi, ce mercredi. «J'essaie de favoriser une solution par la médiation ou un accord commun, mais je ne peux pas assumer un rôle qui n'est pas le mien en tant qu'athlète», a-t-il ajouté. «Nous sommes plusieurs joueurs à aborder publiquement ce sujet, nous avons réalisé des vidéos sur nos réseaux sociaux. Nous sommes dans le même bateau et estimons qu'une solution concertée profitera à tous.» Driss Bourroum Contacté également par Yabiladi, le président de la FRMBA, Marouane Bichi, assure que «l'assemblée générale se tiendra en présence des 54 clubs et des adhérents de la fédération, y compris ceux ayant émis des critiques». Selon une correspondance consultée par Yabiladi, la réunion a été reportée puis annulée, en attendant qu'un rapport d'audit soit ajouté aux documents nécessaires, dont les rapports d'activité et financier. «Nous attendons désormais le retour du ministère de tutelle et dès qu'il nous autorisera à organiser cette assemblée, nous le ferons immédiatement», tente de rassurer Marouane Bichi. «À l'issue de cette AG, il est prévu que le gel d'adhésion internationale de notre instance soit levé», a-t-il précisé. La FRMBA envisage des mesures disciplinaires Selon Marouane Bichi, «le différend, s'il en existe, n'est même pas d'ordre financier puisque ces neuf dernières années, la fédération n'a pas bénéficié de soutien public». Il précise que la FRMBA «fonctionne avec ses propres moyens et bénévolement, dans le simple but de promouvoir le badminton au Maroc». «Nous n'avons ni mécène régulier, ni sponsor, mais des ressources humaines compétentes et formées au plus haut niveau», a-t-il déclaré. Concernant les précédents litiges internes, Marouane Bichi affirme qu'«il n'existe pas deux fédérations royales pour une même discipline, mais il peut y avoir un conflit entre les bureaux administratifs». «La justice a statué en notre faveur en 2018 et les documents des tribunaux le confirment, tout comme nos correspondances régulières avec le ministère de tutelle», a-t-il souligné. «Nous avons pris connaissance des récentes déclarations publiques de certaines parties, qui ont allégué des imprécisions pouvant entraîner une procédure disciplinaire, voire des suites judiciaires. C'est à la justice de vérifier la validité des propos tenus par des entités qui discutent d'une situation antérieure à leur adhésion à la fédération, et qui sont éloignées du contexte sportif. On a touché à nos jeunes joueurs et arbitres, dans une tentative d'incitation à changer de nationalité.» Marouane Bichi – FRMBA Par ailleurs, le président de la fédération se dit prêt à répondre à tout éventuel manquement. «Nous a-t-on formulé des réclamations dans ce sens ? Je présume surtout une tentative de certaines parties qui auraient voulu intégrer le bureau administratif, mais qui en ont été refusées pour des raisons objectives d'éligibilité, qui leur ont été expliquées. En retour, nous avons été confrontés à des adhérents à la FRMBA qui prétendent faussement à l'arbitrage international. Je suis bien sûr que la justice tranchera», a déclaré Marouane Bichi. Article modifié le 16/04/2025 à 17h42