Le tribunal correctionnel de la cour de Sidi M'hamed, à Alger, a condamné, mardi, Fouad Boughanem, directeur du quotidien Le Soir d'Algérie, et Hakim Laâlam, chroniqueur de la publication, à deux mois de prison ferme et à 250 000 dinars algériens d'amende chacun. «Cette lourde condamnation pour délit de presse, vient confirmer la volonté du pouvoir de réprimer lourdement la liberté de la presse et d'expression en Algérie et ce, au moment même où l'opinion publique nationale et internationale se mobilise pour exiger la libération de Mohamed Benchicou, le directeur du Matin, incarcéré depuis près d'un an». C'est par ces mots que le journal le Soir d'Algérie a commenté le verdict prononcé par le tribunal correctionnel de la cour de Sidi-M'hamed à l'encontre du directeur de la publication Fouad Boughanem et le chroniqueur du quotidien Hakim Laâlam. La cour qui a rendu son verdict mardi soir a condamné les deux journalistes à deux mois de prison ferme et à une amende de 250.000 dinars algériens pour offense au président de la République. L'affaire, jugée en première instance, est liée à une chronique du journaliste Hakim Laâlam intitulée «Laoulad Lahram», parue en 2003. Le ministère public a qualifié cet article d'attentatoire et diffamatoire. «C'est une offense à magistrat », a déclaré le jour du procès le représentant du ministère public. L'avocat de la défense a mis l'accent sur le fait que l'auteur de la chronique n'avait aucunement l'intention d'offenser ou de porter atteinte au président de la République. Au contraire, il avait, toujours, exprimé un point de vue et développé une idée. Le procureur de la République avait ainsi requis une année de prison ferme contre le chroniqueur et son directeur. Le jugement n'est toutefois pas définitif et les deux condamnés vont faire appel. De son côté, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) a dénoncé, dans un communiqué, le verdict du tribunal d'Alger condamnant le directeur et le chroniqueur du quotidien Le Soir d'Algérie. «La justice algérienne affiche une nouvelle fois sa compromission avec les autorités», déclare le secrétaire général de la FIJ, Aidan White qui ajoute que «ces vagues de condamnations systématiques et hebdomadaires rappellent, comme le ressac, la déliquescence de l'état de droit en Algérie». La FIJ demande, tout comme les journalistes algériens, "l'abrogation des amendements du code pénal relatifs à la diffamation, qui alourdissent, depuis 2001, les peines de prison". Rappelons que cinq journalistes du Matin, journal suspendu depuis juillet 2004, dont le directeur de la publication, Mohamed Benchicou, ont été condamnés, le 19 avril 2004, par la même instance à des peines allant de deux mois à trois mois de prison ferme. Le 10 mai de la même année, après réquisitoire, le procureur de la République a requis une année de prison ferme contre trois autres journalistes, à savoir Farid Allilat, ex-directeur du quotidien Liberté, Ali Dilem, caricaturiste, et Mustapha Hammouche, chroniqueur du même journal. Aussi, le tribunal d'Alger a infligé des amendes au journal El Khabar, à son directeur Ali Djerri et à deux journalistes, dans deux autres affaires de diffamation.