"L'Algérie continue d'employer abusivement les procédures judiciaires en diffamation pour faire taire les journalistes qui déplairaient au pouvoir, a déclaré jeudi l'association "Reporters sans frontières". Après avoir rappelé que "les tribunaux ouvrent leurs portes aux affaires de presse tous les mardis", l'association a condamné "fermement ce harcèlement judiciaire à l'encontre des journalistes et le recours à des peines de prison dans des affaires de diffamation". "Nous restons également attentifs à tous les autres procès en cours, car tant que les amendements du code pénal relatifs à la diffamation ne seront pas abrogés, l'Algérie continuera de pouvoir mettre ses journalistes derrière les barreaux", a indiqué RSF dans un communiqué. "Deux d'entre eux font les frais de cette politique liberticide depuis près d'un an, Mohammed Benchicou et Ahmed Benaoum", a ajouté l'organisation. Le 24 mai 2005, a rappelé RSF, le procureur de la République près le tribunal de Sidi-M'hamed, à Alger, a condamné l'ancien directeur de la rédaction du quotidien "Liberté", Farid Alilat, à une peine d'un an de prison ferme par contumace et à une amende de 100.000 dinars algériens (environ 1100 euros). Le caricaturiste Ali Dilem a été condamné à payer une amende de 50 000 DA (environ 550 euros), tandis que Mustapha Hammouche a été acquitté. Le journal "Liberté" devra également payer une amende de 250 000 DA (environ 2 750 euros). Le 10 mai, le procureur avait requis douze mois de prison ferme et une amende de 50 000 DA contre les trois journalistes, pour la publication d'une série de caricatures et d'une chronique en 2003, considérées comme des "offenses au chef de l'Etat". D'autres journalistes ont été condamnés à des peines de prison, a constaté RSF. Le 17 mai, le directeur de publication du quotidien "Le Soir d'Algérie", Fouad Boughanem et le chroniqueur Hakim Laâlam avaient été condamnés par le tribunal d'Alger à deux mois de prison ferme et à une amende de 250 000 DA (environ 2 750 euros) pour diffamation. La publication avait également été condamnée à payer une somme équivalente. Les journalistes du quotidien "Le Matin", Abla Cherif et Hassane Zerrouky, avaient été condamnés, le 20 avril, à deux mois de prison ferme, Youssef Rezzoug et Yasmine Ferroukhi, à trois mois. Le même jour, Mohammed Benchicou, qui purge déjà une peine de deux ans de prison ferme depuis le 14 juin 2004, avait été condamné à cinq mois de prison. Sa demande de remise en liberté pour raison de santé avait été rejetée.