Le journaliste algérien Mohamed Benchico, qui purge déjà une peine de deux ans de prison ferme, a comparu mercredi devant la cour d'appel d'Alger pour deux procès en diffamation, intentés par le ministère algérien de la défense, concernant des chroniques publiées en 2002. Le procureur près cette juridiction a requis une peine de deux ans de prison ferme à l'encontre du l'ex-directeur du journal "Le Matin", poursuivi en même temps qu'un chroniqueur du même journal, qui a fait l'objet d'une mesure de suspension en juillet 2004. Statuant en appel, après la condamnation en première instance des deux prévenus à des amendes, la juridiction a décidé de renvoyer, à la semaine prochaine, le prononcé du verdict dans ces deux affaires. M. Benchico ainsi que plusieurs de ses collègues du "Matin" ont été cités à comparaître dans une série de procès pour diffamation, ce que des organisations de défense des droits de l'homme, notamment "le Comité Benchico pour les libertés" avaient dénoncé comme étant un "harcèlement judiciaire attentatoire à la liberté de la presse". Trois autres procès opposant "Le Matin" au ministère algérien de la défense, programmés une première fois le 7 septembre, et prévus pour l'audience de mercredi dernier, ont été ajournés au 30 novembre, indique le journal "Le Soir d'Algérie". Il est à rappeler que cinq journalistes du "Matin", dont son directeur Mohamed Benchicou, avaient été condamnés en avril dernier à des peines allant de trois à deux mois de prison ferme, pour diffamation. Il s'agit des journalistes Abla Chérif et Hassan Zerrouki condamnés à deux mois de prison ferme, suite à une plainte pour diffamation d'un homme d'affaires émirati pour des articles publiés en 2002, et de deux autres journalistes Youcef Zerroug et Yasmine Ferroukhi, qui ont écopé de trois mois de prison ferme pour diffamation, dans une autre affaire relative à des écrits mettant en cause le ministre de l'énergie et des mines. Quant au directeur du Matin, condamné en juin 2004 à deux ans de prison ferme, pour infraction à la législation sur le change (non déclaration de bons de caisses ramenées d'un voyage en France en août 2003), il s'est vu infliger une peine supplémentaire de deux mois de ferme, au procès d'avril dernier. Dans son rapport 2005 sur la liberté de la presse dans le monde, l'organisation "Reporters sans Frontières" (RSF) a classé l'Algérie à un rang peu enviable (129 ème position sur 167 pays), en relevant que "les relations entre la presse privée et le pouvoir se sont détériorée à une vitesse vertigineuse" depuis les dernières élections présidentielles en avril 2004 et que plusieurs journalistes ont été poursuivis pour "des délits de presse" dans des tentatives de "mettre au pas la presse privée".