L'ex-directeur de publication du journal algérien "Liberté", Farid Alilat, a été condamné mardi à un an de prison ferme, par le tribunal de Sidi M'hamed (près la cour d'Alger), dans un procès qui lui est intenté, ainsi qu'à deux de ses collègues, pour offense envers le chef de l'Etat. Le mis en cause, condamné par défaut (étant en voyage à l'étranger), s'est vu également infligé une amende de 100.000 dinars. Le caricaturiste du journal, Ali Dilem a été, lui, condamné à une amende de 50.000 dinars, alors que le chroniqueur Mostapha Hammouche a été acquitté. La publication doit en outre payer une amende de 250.000 DA (1 euro =94 dinars). Le ministère public avait réclamé une peine d'emprisonnement d'un an ferme pour les trois accusés et ce, en relation avec une chronique et une caricature jugées offensantes pour le chef de l'Etat. Deux autres journalistes, le directeur de publication et un chroniqueur du "Soir d'Algérie" avaient été condamnés le 17 mai, à deux mois de prison ferme, pour le même chef d'inculpation. La séance de mardi dernier a vu également défiler d'autres journalistes à la barre pour des affaires de diffamation les opposant à des responsables d'institutions publiques et autres plaignants. Le tribunal a décidé leur renvoi pour divers motifs de procédure. Il est à rappeler que les journaux se sont habitués à rendre compte "des mardis de la presse", qui voient chaque semaine des journalistes se présenter au tribunal d'Alger pour s'expliquer sur leurs écrits, suite à des plaintes pour diffamation. A la mi-avril dernier, le tribunal de la commune de Sidi M'hamed d'Alger, qui statuait dans deux procès en diffamation, intentés au directeur du journal "Le Matin", Mohamed Benchico, et quatre autres journalistes du même quotidien, avait prononcé des condamnations à deux mois et trois mois de prison ferme. Deux journalistes de ce quotidien, qui a cessé de paraître depuis le 24 juillet 2004, Youcef Zerroug et Yasmine Ferroukhi, ont été condamnés à trois mois de prison ferme pour des écrits remontant à 2002, et deux autres, Abla Chérif et Hassane Zerrouky, à deux mois de prison ferme pour des affaires en diffamation les opposant respectivement à un membre du gouvernement et à un homme d'affaires émirati. Le directeur du Matin, arrêté en juin 2004, avait été précédemment condamné à deux ans de prison ferme, pour infraction à la législation sur le change (des bons de caisses ont été trouvés dans ses bagages à son retour à Alger en provenance de Paris, en août 2003). La fédération internationale des journalistes et l'association reporters sans frontières ont récemment dénoncé les procès intentés contre les journalistes en Algérie, y voyant un harcèlement policier et judiciaire attentatoire à la liberté de la presse.