Après Sharon et Yasser Arafat, c'est à présent le tour de Shimon Peres d'être « évacué » de la manière la plus malpropre par un militant de droite qui a eu droit à un «point de vue» dans le célèbre quotidien Haaretz. Les excès du militant de droite, comme des insultes de Tomy Lapid, ne peuvent qu'élever la réputation de Shimon Peres, un véritable homme de la paix. On doit lui souhaiter la réussite pour se rapprocher, encore plus, de l'Everest… Le grand journal israélien Yediot Aharonot nous avait tracé un portrait terrible d'Ariel Sharon, de sa famille et de ses problèmes de corruption. Le journal américain New York Times déclaré par certains, dans sa «divinité» de la seule information vraie des hommes politiques de tous pays et de tout continent a fait une large image nouvelle du président Yasser Arafat et de «son équipe de corrompus » qui doivent tous partir. A présent, nous pouvons relever un constat dans le grand quotidien Haaretz, qui a donné la parole à un analyste du Likoud, extérieur de sa rédaction, pour titrer : «Peres a chevé son rôle». Voilà une conclusion basée sur une description malveillante d'un militant de droite contre un chef de gauche… Shimon Peres ne serait plus un des oiseaux rapaces menacés de disparition. Il est transformé en un animal de compagnie. Itshac Rabin avait défini, à l'époque, Yossi Beilin comme «une chien de manchot» de Shimon Peres. L'analyste commence par rappeler : «Les Israéliens doivent à Peres leur force de dissuasion nucléaire. C'est une lourde dette, mais, il me semble que nous l'avons déjà réglée. Car, même un prêt hypothécaire se termine au bout de 30 ans». Le cruel homme de droite considère «des amis de Shimon Peres ont cru devoir faire de son 80ème anniversaire un lugubre éloge funèbre de son vivant ». Il faut, au contraire, lui souhaiter une longue vie… Pour revenir à la politique, l'analyste accidentel de Haaretz préfère, dit-il, poser une vraie question : Qu'a fait Shimon Peres ces derniers temps ? La réponse, selon lui, est pourtant évidente. Il est, simplement, en passe de liquider le parti travailliste et d'éliminer sa dernière chance de se réveiller dans l'incapacité de poursuivre sa carrière politique. Pourquoi ? Parce qu'il ne peut monter plus haut. Il est déjà parvenu au sommet de l'Everest. D'autres reprochent à Peres d'avoir empêché toute chance d'apparition d'un nouveau dirigeant travailliste. Ils prétendent que lorsque Ehud Barak était arrivé au pouvoir, Peres ne s'attendait qu'à sa chute. Lorsque le «folklorique» Général Mitsna conquis un moment, précisent-ils, la présidence du parti, Peres l'a aidé à s'effondrer. Chaque fois que le parti a été en crise, Peres, le héros de sa jeunesse, affirment-ils, l'a convaincu de revenir dans ses bras, pour un moment qu'il sait éterniser, étant toujours disponible. D'autant que sa fois qu'on l'appelait pour sauver la situation, poursuivent-ils encore, il sauve surtout la sienne. D'autant qu'il ne quitte la présidence que pour y revenir… Les ennemis de Shimon Peres rappellent qu'il a été, déjà, proposé aux fonctions de Secrétaire général de l'ONU ; qu'on lui a élevé, de son vivant, un «centre» qui porte son nom. O miracle ! Il est à nouveau au centre de la photo de la direction du parti travailliste, entre Ofir Pines, secrétaire général, qui, à 40 ans, a l'air plus vieux que Peres et Dalia Itsik, chef du groupe parlementaire travailliste, toujours prête à l'acclamer. L'analyste affirme que dans tout troupeau de daims, il y avait toujours un jeune pour revendiquer la place du chef vieillissant -c'est la loi de la nature-. C'est la loi, en vérité, des partis pleins de vie. Voyez le Likoud : Benyamin Netanyahou, Sylvain Shalom, Ehud Ulmert, aiguisent tous, par leur ambition, leurs cornes en vue du jour décisif de déclin d'Ariel Sharon. Cette vitalité du Likoud –considère l'analyste de droite -, est constatée par ses propres membres et l'opinion publique qui la considère comme le résultat d'un appétit sain. Par contre, le même public, a constaté qu'un grand nombre de jeunes, pourtant prometteurs, se sont retirés du parti travailliste (Avoda). Beaucoup d'autres, encore, n'osent plus lever la tête. Et comment pourraient-ils s'attendre à un soutien électoral, à la confiance du public, alors qu'ils n'y croient plus eux-mêmes ? Encore, donc, une conclusion excessive. L'analyste d'occasion considère que la vieillesse de Shimon Peres «fait honte à sa jeunesse», car il donne, à présent, l'impression d'être trop empressé. Le triste Tomy Lapid (chef du Shinouï, 75 ans), dans sa jeunesse connue, décrit, lui-même, Peres avec dédain. «Il veut être ministre des Affaires étrangères. Donc, pour lui, au diable le reste ! Il prétend considérer le désengagement comme le plus important. Mais on ne le croit plus… Le politicien l'a emporté sur l'homme d'Etat. L'ambition l'a emporté sur l'idéologie. Peres sera, donc, dénudé. Ariel Sharon connaîtrait bien les faiblesses de Shimon Peres. C'est pourquoi, il se permet, lui aussi, de la maltraiter si aisément. Et Tomy Lapid s'autorise à conclure «Dès que Peres a réussi à convaincre la majorité de son parti à se joindre au gouvernement de droite, Sharon a entamé des négociations parallèles avec les orthodoxes religieux (harédim), Yahadout Hatorah et Shass. Il n'y a pas de doute, conclut-il, Sharon a le sens de l'humour». (En réalité, le fasciste Tomy Lapid est allé encore plus dans sa vulgarité proche de celle de Le Pen, en déclarant au conseil de son parti Shinouï «Yahadout Hatorah est comme la vaseline pour permettre la pénétration de la Avoda (travailliste) au gouvernement».) L'analyste considère qu'il sera impossible de savoir quelle sera la coalition gouvernementale israélienne qui sera en place à la fin de l'été. Mais quoi qu'il en soit, la Avoda (travailliste) aura reçu un nouveau grand coup. Si les travaillistes entrent au gouvernement, ils ne constitueront qu'un appendice pour Ariel Sharon. S'ils restent à l'extérieur, ils n'apparaîtront plus comme une opposition combattante mais comme ayant cédé, sans obtenir de place dans le «club». Dans tous les cas, Shimon Peres n'abandonnera pas, de plein gré, la direction de son parti. Car cela n'est pas dans ses «gênes», prétend encore le curieux analyste qui va jusqu'à ajouter «il faudra le pousser dehors -de force. C'est l'unique chance du parti travailliste de retrouver sa crédibilité». Cette conclusion est incohérente puisque le rédacteur, militant de droite, a démontré qu'il n'y avait à présent aucune relève : les dirigeants, depuis l'assassinat d'Itshac Rabin et la faillite du passage d'Ehud Barak, n'ont pu tenir. Abraham Burg s'est trompé et a trompé son parti. Fouad Ben Eliezer, administrateur de haut niveau et ministre sérieux de la Défense, a été évacué, étant un «séfarade» (d'origine irakienne). Haïm Ramon ne s'intéresse qu'au pouvoir et à un fauteuil de ministre. Il ne reste que Amir Peretz, secrétaire général de la Histadrout (syndicat général) pour redonner ses bases travaillistes au parti Avoda. Mais il n'a aucune chance d'y arriver : il est également un séfarade… d'origine marocaine… Ne resterait que le retour de Yossi Beilin, mais cela serait une autre histoire.