Les Américains exigent, à nouveau, un retour à la feuille de route théoriquement acceptée par Netanyahou ou Shalom. Elle est, actuellement, imposée à Ariel Sharon qui devra, peut - être, s'en accommoder pour dépasser son plan de désengagement, mollement soutenu par le prétendu libéral Tomy Lapid. Qui est Tomy Lapid ? Qu'a - t- il fait du Shinouï, modéré et laïc, devenu le parti pour la lutte contre les religieux orthodoxes (Harédim) et contre l'influence des religieux séfarades dans la vie politique et publique ? Le gouvernement demeure dans l'incohérence de sa composition . Ariel Sharon n'ayant pas réussi à faire approuver son plan de Gaza, ni par son parti, ni par sa coalition . Ce qui ne l'empêche pas de s'y tenir… Un plan de désengagement, comme de l'évacuation , non seulement des 21 colonies et toutes les implantations militaires israéliennes de Gaza, mais aussi les quatre colonies au Nord de Cisjordanie . Dès son annonce, Ariel Sharon avait révolté le comité central du Likoud et deux partis de sa coalition, le Mafdal (Parti national religieux) et Ehoud Haam (Unité Nationale) parti d'extrême droite . Les trois principaux ministres de son gouvernement, membres de son parti - Netanyahou, Shalom et Livnat - avec une dizaine de députés d'extrême droite conduits par le ministre du Likoud, Haïm Landau, refusent encore le plan Sharon. Sans omettre le vote d'un référendum du Likoud opposé à la politique de son président, qui sera sans effet. Aujourd'hui, sur cette question, le gouvernement, malgré un accord théorique, n'est nullement ressoudé. Un parti est exclu de la coalition, celui d'extrême droite, d'Ehoud Haam et deux leaders du parti religieux, Mafdal, dirigeant de la colonisation de Gaza et de Cisjordanie, ont démissionné du gouvernement. Il s'agit du président Efi Eytam et d'Itshaac Lévy ( né à Tétouan, ayant vécu essentiellement à Casablanca où son père, plus tard ancien député de la Knesset, Daniel Lévy, était très connu ) . Ariel Sharon maintient, dans tous les cas, la théorie de sa coalition, - devenue minoritaire- , avec Netanyahou et Shalom ( originaire de Tunis ) qui veulent empêcher un nouveau gouvernement d'union en compagnie du parti travailliste de Shimon Peres. Et avec la moitié des membres du Mafdal qui veulent rester au gouvernement pour bloquer la réalisation du désengagement de Gaza, et l'évacuation des colonies du Nord de Cisjordanie (première étape d'une évacuation plus complète…) A côté de ses ministres- opposants, demeure le Shinoui (Changement), un parti modéré, laïc de gauche dit- on . Il est, cependant, devenu attaché au pouvoir, par la volonté de son président, Tomy Lapid, passionné par son ministère de la Justice. Qui est Tomy Lapid ? Qu'a-t-il réussi à faire du Shinoui, dont l'idéologie serait, avant tout, la lutte contre les Harédim ( Orthodoxes ) et contre l'influence des religieux séfarades dans la vie publique, surtout, politique du Shass ? En fait, Tomy Lapid, ancien journaliste, dès 1997, aura fait un coup d'essai, en redonnant vie au Shinoui, porté de deux à quinze députés. Il avait refusé d'entrer au gouvernement d'Ehoud Barak, pour ne pas s'associer au Shass, à la fois groupe de Harédim et de Séfarades, un double objet de sa haine, jusqu'au racisme…Cela ne l'empêchera pas d'accepter d'entrer dans la coalition d'Ariel Sharon, en 2001 pour s'associer au Mafdal, pourtant religieux mais ashkénaze (à quelques exceptions près). Auparavant, il aura rejeté, une fois encore, toute relation avec le Shass. Ces Harédim…Séfarades : en particulier, des originaires du Maroc qu'il vomit dans son fascisme déclaré…… Tomy Lapid, journaliste se disant ancien avocat de Hongrie, prétend avoir reconstitué un parti Shinouï – modéré et laïc-, préocupé de «la pureté des normes et de la moralité publique». Mais, en vérité, seule sa prise de possession du ministère de la Justice le passionne. Sans compter l'action pour les «harédim ( surtout Séfarades) dehors et le ministère des Cultes démantelé… l'homme du Shinouï ne vivant que dans l'anti- religion». Ce dernier «concept idéologique» est oublié par Tomy Lapid qui, - dans la déception de certains militants du Shinouï -, aura peut d'influence sur la politique globale de Sharon. Sa traîtrise politique s'étendra à des cercles du parti dont la grande majorité se déclare toujours au centre, sinon au centre- gauche, y compris le groupe parlementaire des 15 députés désemparés. Sharon va leur apporter un «secours» avec son plan de désengagement. Tomy Lapid, jusque-là sans aucun programme, sinon celui du pouvoir de ministre de la Justice, va sauter sur l'occasion et adopter, sans trop lutter, le plan Sharon. Il va jusqu'à faire croire, sans le démentir, qu'il en est l'auteur, et en fait, désormais, la condition théorique de sa participation au gouvernement… Tout le monde sait, pourtant, qu'un fasciste n'est jamais allé jusqu'au bout, à l'heure de la vérité. Son nouveau militantisme n'ira pas jusqu'au sacrifice de sa place au pouvoir, pour soutenir, d'abord et avant tout, le plan de désengagement de Sharon . Malgré les divergences au sein du groupe du Likoud et de l'opposition à la politique de Sharon, et le maintien du Mafdal ( parti religieux des colonies) dans la coalition, Tomy Lapid veut convaincre le Shinouï que l'entrée du Parti Travailliste au gouvernement, affaiblira son influence avec ses dix-neuf députés. Tout en prétendant défendre, en premier lieu, la politique de désengagement. Tomy Lapid va poursuivre son mensonge en affirmant publiquement que son «grand souhait est la formation d ‘un gouvernement d'union laïc» . Mais il est loin d'être aussi «univoque» dans sa pression sur Sharon pour accélérer l'appel à Shimon Peres, devenu pourtant impatient. L'ardeur unioniste du Shinoui s'avère si peu pressante pour Lapid que Sharon peut se permettre de mener un «roman d'amour avec les Harédim ashkénazes de Yahadout Hatorah (Unité de la Torah)». Sharon veut, en effet, obtenir le soutien de ce parti Harédi, mais ashkénaze, en dehors du gouvernement, alors que Benyamin Netanyahou de son côté, envisage de se tourner vers ses amis du Shass pour éviter l'arrivée des Travaillistes, sachant que Lapid sera loin, à présent, de «frapper sur la table». Le Shinouï se contente, en effet, de dire mollement, qu'il faudra choisir entre son maintien au gouvernement et l'alliance avec Yahadout Hatorah, sachant que ces Harédim n'ont jamais accépté de siéger dans un gouvernement. Ce parti orthodoxe s'est toujours contenté d'accorder son soutien de l'extérieur, moyennant évidemment, une compensation financière pour ses yéchivot. Pourtant si Lapid avait voulu écarter cette perspective, - théoriquement inadmissible pour le Shinoui-, il lui suffisait de poser la condition de son maintien dans la coalition en l'élargissant à gauche, vers les Travaillistes. Evidemment, Tomy Lapid, ne fait rien de cela et préfère rester entre deux chaises… Au ministère de la Justice, il se trouve, néanmoins, dans une situation de crise. Il est le seul à croire que la confrontation entre l'ancienne Procureur Général d'Israël, Edna Arbel et le nouveau Conseiller juridique du gouvernement, Menahem Mazouz (né dans l'Ile de Djerba) «n'est pas un tremblement de terre». Alors que le juriste Mazouz a refusé tout acte d'accusation de corruption contre Ariel Sharon et son fils Guilad, en condamnant Edna Arbel d'avoir «tissé un faux dossier contre les Sharon» . Tomy Lapid, dans sa science de la manipulation dont on connaît la spécialité de certains politiciens, considère qu'il s'agit d'une légitime divergence de conceptions juridiques. Pour lui, les deux thèses sont valables, d'autant, a-t-il précisé, que «le droit n'est pas une science exacte»… L'homme impuissant au ministère de la Justice espère que la Cour suprême israélienne refuse de choisir ou d'intervenir. Il réussira, alors, à calmer la controverse et à ramener le calme… Sinon, la crise reprendra de plus belle et Sharon pour activer le désengagement de Gaza, devra faire entrer, d'urgence, les Travaillistes au gouvernement . Donc Sharon, selon un éditorial du quotidien Haaretz, dimanche dernier, cherche toujours à élargir son gouvernement en négociant avec les Harédim ashkénazes et les Travaillistes. Cependant, le programme de ces derniers, associés à présent à la Histadrout ( Syndicat général) dirigée par Amir Perets ( né à Boujad) est loin d'accepter la politique ultra- libérale de Netanyahou. De même, les Harédim ashkénazes n'ont que des exigences financières en matière de soutien aux yéchivot et d'allocations familiales. C'est pourquoi le ministre des Finances, Benyamin Netanyahou, déclare refuser de sacrifier son assainissement économique . En réalité, son idéologie d'extrémiste de droite, exige le maintien des colonies à Gaza et, plus encore, en Cisjordanie, comme le veut, également, Sylvain Shalom malgré ses manœuvres diplomatiques. Les deux ministres de Sharon pourront - ils se reprendre ou quitter, à jamais, le gouvernement ? Les Américains exigent, à nouveau, un retour à la feuille de route théoriquement acceptée par Netanyahou ou Shalom. Elle est, actuellement, imposée à Ariel Sharon qui devra, peut - être, s'en accommoder pour dépasser son plan de désengagement, mollement soutenu par le prétendu libéral Tomy Lapid. Elle est exigée par le parti travailliste de Shimon Peres qui veut arriver à la négociation- prévue par la dernière étape de la feuille de route-, pour définir le territoire viable et définitif de l'Etat de Palestine…