Le référendum lancé par Ariel Sharon, dimanche 2 mai 2004, a été un échec total. Le refus du «Plan Sharon» pour le désengagement de la Bande de Gaza et de 4 colonies dans le nord de la Cisjordanie a été, selon les grands titres de la presse israélienne : «La défaite de Sharon», un «Tremblement de terre» ou, que fera «Sharon après la défaite du référendum». A ce désastre d'un vote, - de 59% de voix contre, face à 39% de voix « pour » -, au référendum réservé aux militants du parti Likoud, le président de ce parti politique au pouvoir, se contente de répéter : « Je ne démissionnerai pas, la majorité du peuple israélien pense comme moi ». Pourtant, Sharon n'a pas voulu consulter tout l'électorat israélien, qui selon un sondage s'est, pourtant, déclaré favorable au « Plan Sharon » avec 70% « pour ». Il a préféré élargir le fossé avec son parti, en risquant de perdre son poste de chef de gouvernement… Sharon avait déjà, rappellent des commentaires, commencé à s'éloigner de l'idéologie de son parti de droite, il y a deux ans, avec un projet de résolution rejeté par le Comité central du Likoud, en 2002. Pour la première fois, le « père des colonies », avait proposé une solution au conflit avec les Palestiniens, en proposant « la création d'un Etat palestinien aux côtés d'Israël». Il s'agit de la solution prévue par la « feuille de route » imposée à l'acceptation du président du gouvernement israélien et du président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat. Néanmoins, Sharon avait dû quitter la tribune du Likoud qu'il préside, sous les huées des milliers de membres de son Comité central. Dès lundi matin dernier, Sharon s'est réveillé en politicien battu. Il ne tient plus en main ni son parti, ni 21 parlementaires sur les 40 qu'il lui a gagné à la Knesset, ni les 14 ministres du Likoud sur lesquels cinq se sont déclarés opposés officiellement et 3 sont revenus sur leur opposition mollement, refusant de prôner le « oui ». Donc, avec les 50.000 militants, environ, que représentent les 59% « contre», son plan pour une première mesure arrêtée avec l'accord du Président Bush, est rejetée par la dictature d'une minorité agissante se déclarant, ouvertement, plus extrémistes, plus à droite et plus proches des religieux orthodoxes. Mais Sharon affirme, publiquement, qu'il n'a pas l'intention de démissionner. Il déclare avoir décidé de revenir, dans quelques mois, avec un « autre plan de désengagement », sous un autre emballage plus attractif, probablement, voire avec une campagne de marketing meilleure : mais, il restera, certainement, « unilatéral»… Un des grands quotidiens israéliens, a parlé de « Tremblement de terre », en citant : « L'arrogance unique d'Ariel Sharon » et, en s'étonnant que, « dans une démocratie, où la responsabilité se situe devant le Parlement (la Knesset), il a offert un référendum à son parti politique ». Le journal ajoute plus loin « … convaincu dès le départ de toute sa puissance, il a mobilisé le Président américain, en le mettant en difficulté devant le monde arabe et les Européens ». La formalité du référendum, - plébiscitaire ou démagogique -, a tourné au désastre. Le Likoud a jeté au panier les déclarations et les écrits de son président. Comment Sharon va-t-il, à présent, réagir au-delà de son opinion publique générale, face au seul allié d'Israël ? Certes le public est déçu, car, il a accepté le plan de désengagement des installations militaires et des colonies de Gaza, ainsi que les 4 colonies au nord de la Cisjordanie. Tout cela étant considéré comme une première étape à l'application de la « feuille de route» imposée par le Président Bush. Sharon, devant prendre des décisions difficiles, s'est contenté de déclarer, à l'annonce des résultats catastrophiques de son référendum: « … Je sais que nombreux, dans le public israélien, soutiennent mon plan. Comme moi, ils sont déçus. Des jours difficiles nous attendent… Mais je sais une chose : le peuple ne m'a pas élu pour ne rien faire… ». Face à ces banalités de la tristesse et devant toutes les interrogations des journalistes, il a prétendu, simplement, attendre le résultat d'une « série de consultations ». Que pourra-t-il faire en réalité, face à l'opposition des ministres de son parti ? Face à celle de la majorité de son groupe parlementaire ? Ira-t-il jusqu'à provoquer la scission du Likoud pour répondre à la pression de son partenaire principal dans la coalition gouvernementale, le Shinouï (Parti laïc), qui n'est pas disposé à demeurer au sein du gouvernement, si le processus politique du désengagement de Gaza est gelé ? D'autant que les dirigeants de la gauche, considèrent le « Plan Sharon » un pas irréversible vers la fin de l'occupation, malgré ses défauts… » Cependant, d'autres personnalités politiques israéliennes affirment que l'échec du référendum du Likoud, libère définitivement le camp de la paix d'une illusion évanouie, à savoir : seul le Likoud pouvait arriver à un accord dans le conflit israélo-palestinien. Pour eux, à présent, il reste une seule solution « Le plan Clinton, les ententes de Genève et la réalisation de la feuille de route »… Tous espèrent, malgré leur embarras, que les Américains se montreront plus réservés, à l'avenir, en limitant les dégâts sans avoir à retirer leur soutien et sans punir Sharon. Mais cela amènera, peut-être, à imposer, enfin, la solution d'une négociation entre les parties, comme le souhaitent, également, les autres membres du Quartet, réunis mardi à New York… En attendant, Sharon étudie, lit-on dans la presse du mardi 4 mai 2004, la reprise sans délai de son plan, en se contentant d'évacuer quatre colonies isolées de la Bande de Gaza et trois colonies dans le nord de la Cisjordanie. La presse appelle cette réflexion nouvelle, un « Plan restreint » sans valeur autre que symbolique, en vue de son élargissement dans quelques mois, comme l'a annoncé Sharon, la nuit de son échec. La presse prévoit, sans preuve, l'exclusion du gouvernement de Benyamin Netanyahou, ministre des Finances, dont les amis auraient trahi la campagne au profit du plan Sharon. Voire même, peut-être, une sanction contre Madame Lior Livnat, ministre de l'Education et Sylvain Shalom, ministre des Affaires étrangères, qui ont refusé de soutenir, publiquement, leur président à l'occasion du scrutin… Mais pour tous, hommes politiques hors Likoud, journalistes et certains proches d'Ariel Sharon, le chef du gouvernement, dans une nouvelle démarche, viserait à reprendre les négociations avec les Palestiniens. Voilà enfin le grand espoir, pour tous…