Porté par un accord d'association bilatéral entré en vigueur le 1er janvier 2021, le cadre économique unissant le Royaume du Maroc et le Royaume-Uni révèle, à l'examen des dernières données publiées par le ministère britannique des entreprises et du commerce, une architecture en augmentation progressive, reposant sur une animation commerciale croissante, une diversification sectorielle notable et une présence entrepreneuriale britannique de plus en plus affirmée sur le territoire marocain. Echanges commerciaux : progression globale, déséquilibre structurel Selon un document consulté par Barlamane.com, dévoilé lundi 7 avril, le volume total des échanges commerciaux pour les quatre trimestres achevés au troisième trimestre 2024 s'élève à 3,8 milliards de livres sterling — soit environ 48,2 milliards de dirhams marocains —, marquant une hausse annuelle de 7,7 %. Les importations britanniques en provenance du Maroc atteignent 2,4 milliards de livres (30,4 milliards de dirhams), en progression de 15,8 %, tandis que les exportations vers le Maroc déclinent à 1,4 milliard de livres (17,8 milliards de dirhams), soit une contraction de 4,1 %. Ce déséquilibre se traduit par un déficit commercial bilatéral de 1,1 milliard de livres, équivalant à 13,9 milliards de dirhams, au détriment du Royaume-Uni. Les exportations de marchandises couvrent 66,9 % des flux britanniques, atteignant 926 millions de livres (11,8 milliards de dirhams, en recul de 11,8 %), tandis que les services exportés totalisent 459 millions de livres (5,8 milliards de dirhams, en hausse de 16,5 %). Du côté des importations, les produits marocains constituent 62,5 % du total (1,5 milliard de livres, soit 19,1 milliards de dirhams, +10,1 %), et les services représentent 37,5 % (915 millions de livres, soit 11,6 milliards de dirhams, +26,7 %). Classement et poids relatif dans le commerce extérieur Le Maroc figure désormais au 51e rang des partenaires commerciaux du Royaume-Uni, se positionnant au 60e rang pour les exportations et au 43e pour les importations. Inversement, selon les données de 2022, le Royaume-Uni est devenu le 7e fournisseur du Maroc et son 8e client, ce qui illustre un approfondissement régulier des liens bilatéraux depuis l'entrée en vigueur de l'accord. Produits échangés : complémentarité des chaînes de valeur Le profil sectoriel des flux révèle une complémentarité industrielle structurée. Le Royaume-Uni exporte principalement vers le Maroc des hydrocarbures raffinés, des minerais métalliques (fer, cuivre, aluminium), ainsi que des véhicules automobiles et leurs composants. Le Maroc, pour sa part, fournit au marché britannique des produits agricoles frais — notamment tomates, agrumes, fruits rouges et autres primeurs —, des composants électriques intermédiaires ainsi que des sous-ensembles automobiles (systèmes de câblage, modules électroniques). Investissements directs : flux mesurés, évolution graduelle Le volume des investissements directs marocains au Royaume-Uni s'élève à 174 millions de livres en 2022 (soit environ 2,2 milliards de dirhams). En 2023, les flux nets entrants en provenance du Maroc atteignent 17 millions de livres (215 millions de dirhams), en légère progression de 2,6 %. Les données concernant les investissements directs britanniques vers le Maroc demeurent inaccessibles pour des raisons de confidentialité statistique, mais les autorités signalent une activité croissante dans les secteurs de l'ingénierie, de la construction, de l'énergie et des services universitaires. Entreprises britanniques présentes au Maroc : 595 exportateurs, 245 importateurs En 2022, 595 entreprises britanniques ont exporté vers le Maroc, tandis que 245 ont importé des marchandises depuis ce pays. Parmi les secteurs les plus représentés figurent les énergies renouvelables, l'agriculture de précision, la mobilité ferroviaire, la pharmacie, les technologies éducatives et les équipements médicaux. Plusieurs sociétés britanniques de premier plan sont également actives au Maroc dans les domaines de la construction d'infrastructures, de l'exploration pétrolière, de l'ingénierie industrielle et de la formation professionnelle. Cadre juridique et préférences tarifaires L'Accord d'association Royaume-Uni–Maroc, signé à Londres en octobre 2019 et appliqué depuis janvier 2021, reconduit l'essentiel des dispositions de l'ancien accord Maroc–Union européenne, notamment en matière de suppression progressive des droits de douane, de facilitation douanière, de reconnaissance mutuelle des normes techniques et de libéralisation des services. Le texte prévoit également l'installation d'un Conseil d'association, chargé du suivi des engagements, épaulé par divers sous-comités thématiques, dont ceux relatifs aux questions phytosanitaires, règlementaires, douanières et environnementales. Perspectives : transition énergétique, connectivité et coopération structurée Le Maroc bénéficie du statut de pays prioritaire dans le cadre du régime commercial britannique pour les pays en développement (Developing Countries Trading Scheme), ce qui lui garantit un accès préférentiel au marché britannique. De nombreux produits agricoles et manufacturés marocains sont ainsi exonérés de droits de douane ou soumis à des taux réduits. Sur le plan stratégique, le Royaume-Uni accompagne le Maroc dans sa transition énergétique, à travers des projets communs dans les domaines du solaire, de l'hydrogène vert et de la gestion hydrique, notamment dans le sud du pays. La coopération universitaire s'intensifie également : plusieurs établissements d'enseignement supérieur britanniques ont conclu des accords de double diplomation avec des universités marocaines, dans les disciplines des sciences de l'ingénieur, du droit international, de l'intelligence artificielle et de la finance durable.