Le gouvernement algérien a fait savoir, lundi 7 avril, qu'il avait procédé au rappel pour consultations de ses ambassadeurs en poste à Bamako et à Niamey et qu'il différait la prise de fonctions de son nouvel ambassadeur désigné à Ouagadougou. Cette mesure intervient après que les autorités malienne, nigérienne et burkinabè ont, de concert, rappelé leurs représentants accrédités en Algérie. Dans un communiqué publié par le ministère des affaires étrangères, Alger déclare «regretter profondément d'avoir été contrainte d'appliquer le principe de réciprocité», exprimant dans le même souffle son «profond étonnement face au ralliement hâtif du Niger et du Burkina Faso aux allégations fallacieuses portées par le Mali.» L'origine de cette escalade réside dans un incident survenu à la fin du mois de mars, lorsqu'un aéronef sans pilote — identifié par Bamako comme appartenant aux Forces armées maliennes — aurait été abattu dans le nord du pays, à proximité immédiate de la frontière algérienne. Dans une déclaration conjointe rendue publique la veille, les trois membres de l'Alliance des Etats du Sahel (AES) — regroupant les pouvoirs militaires en place à Bamako, Niamey et Ouagadougou — ont annoncé « le rappel pour consultations de leurs ambassadeurs en Algérie », qualifiant l'événement d'«acte d'agression caractérisé.» Le ministère malien des affaires étrangères, pour sa part, affirme que les éléments d'enquête recueillis attesteraient d'une destruction volontaire de l'appareil par «un tir hostile, émanant délibérément du territoire algérien.» Le communiqué précise que les débris de l'aéronef ont été localisés à 9,5 kilomètres au sud de la frontière bilatérale et à 441 mètres de la dernière position connue avant interruption du signal, les deux points se situant «sans équivoque sur le sol malien.» Bamako «condamne avec la plus grande fermeté cet acte inamical, d'une arrogance manifeste, et sans précédent dans l'histoire des relations entre les deux pays», qualifié de «provocation inacceptable.» À Alger, aucune réaction officielle n'avait encore été formulée. Toutefois, dans un précédent communiqué daté du 1er avril, le ministère algérien de la Défense avait indiqué avoir neutralisé un drone armé ayant «violé l'espace aérien national», sans en préciser l'origine. Cette montée de tension intervient sur fond de bouleversements géopolitiques profonds au Sahel, où les Etats de l'AES entendent affirmer une posture stratégique de plus en plus affranchie des cadres traditionnels de coopération régionale.