L'Algérie, qui se dit le principal pays médiateur pour le retour de la paix dans le nord du Mali, conséquence d'un accord signé en 2015 entre le gouvernement malien et des factions armées à dominante touareg, dit accord d'Alger, est devenu un caillou dans la chaussure malienne. Plus grand pays d'Afrique, l'Algérie partage plus de 6 000 kilomètres de frontières avec six pays en état d'instabilité chronique. Un cauchemar pour le régime de Tebboune. Le 20 janvier, un communiqué du ministère algérien des affaires étrangères a déclenché la furie des autorités maliennes et des médias locaux. «La déclaration du ministre Abdoulaye Maïga, à l'ouverture du Sommet des non-alignés à Kampala, est claire et ne laisse aucun doute sur le fait que l'Algérie a bien tenté d'imposer son agenda au Mali», rapporte le média malien indépendant AES Info. Les autorités maliennes ont également dénoncé un «fait suffisamment grave, qui alerte sur le danger qui guette notre organisation commune face aux velléités d'un pays d'imposer son agenda et s'ingérer dans les affaires intérieures d'autres Etats.» «Ces déclarations sont corroborées par le fait que le chapitre du document final consacré au Mali reprend, mot pour mot, les termes de l'Accord de paix et de réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger. Or, cet accord est contesté par le gouvernement malien, qui le juge inadapté à la situation actuelle du pays», a-t-on ajouté. Dans la foulée, AES Info a été au centre de l'aigreur algérienne, accusé par le régime d'Alger de donner écho à des allégations «dénuées de tout fondement.» Pour rappel, une grave crise a éclaté entre les deux pays après que l'ambassadeur algérien à Bamako eut été convoqué par le ministre malien des Affaires étrangères pour des «actes inamicaux» et «une ingérence» d'Alger dans «les affaires intérieures» du Mali, selon la diplomatie malienne. Au centre de ces tensions, des réunions secrètes avec des séparatistes touareg. Cette convocation était également arrivée après la réception à Alger par le président Abdelmadjid Tebboune de l'imam Mahmoud Dicko, hostile aux autorités maliennes actuelles. Bamako avait convoqué l'ambassadeur d'Algérie le 20 décembre «pour élever une vive protestation» du Mali «suite aux récents actes inamicaux posés par les autorités algériennes, sous le couvert du processus de paix au Mali», selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Lors de ses vœux du Nouvel An, le chef de la junte Assimi Goïta a annoncé, pour «privilégier l'appropriation nationale du processus de paix», la mise en place d'un «dialogue direct inter-malien pour la paix et la réconciliation».