Après avoir rompu avec la France, le Mali veut se débarrasser définitivement de la tutelle algérienne. Bamako annonce la «fin» de l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d'Alger de 2015. Nouveau coup de froid dans les relations, déjà tendues, entre le Mali et l'Algérie. Le gouvernement de transition à Bamako a relevé, dans un communiqué lu hier soir à la télévision d'Etat par un colonel de l'armée, «l'inapplicabilité́ absolue de l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d'Alger, et par conséquent, annonce sa fin, avec effet immédiat». Un coup dur pour la diplomatie algérienne. L'exécutif a justifié sa décision par «les actes d'hostilité et d'instrumentalisation de l'accord de la part des autorités algériennes, dont le pays est le chef de file de la médiation». Il constate aussi «avec une vive préoccupation une multiplication d'actes inamicaux, de cas d'hostilité et d'ingérence dans les affaires intérieures du Mali par les autorités algériennes». Le gouvernement a condamné «une perception erronée des autorités algériennes qui considèrent le Mali comme leur arrière-cour ou un Etat paillasson, sur fond de mépris et de condescendance». Et de conclure en exigeant de l'Algérie «de cesser immédiatement son hostilité». Le Mali veut se débarrasser de la tutelle algérienne Cette décision du gouvernement de transition au Mali était prévisible. Au sommet du Mouvement des Non-Alignés, organisé la semaine dernière en Ouganda, le ministre d'Etat malien, Abdoulaye Maïga, a rejeté un amendement proposé par l'Algérie, visant à imposer aux autorités maliennes le respect de l'accord de paix d'Alger, signé en 2015 entre le gouvernement malien et les groupes armés. Maïga a demandé le «retrait pur et simple» du chapitre consacré au Mali dans le projet de Déclaration de Kampala. Face à cette détermination de Bamako, le ministère algérien des Affaires étrangères a démenti, samedi 20 janvier, avoir introduit dans le document final du sommet du Mouvement des Non-Alignés, des dispositions se rapportant à l'accord d'Alger. Le département dirigé par Ahmed Attaf a pointé des «allégations dénuées de tout fondement attribuées de manière mensongère à l'Algérie». La série de prises de becs ne s'arrêtent pas là. Pour rappel, le 20 décembre, le chef de la diplomatie malienne avait convoqué l'ambassadeur algérien pour protester contre «les rencontres récurrentes, aux niveaux les plus élevés en Algérie, et sans la moindre information ou implication des autorités maliennes, d'une part avec des personnes connues pour leur hostilité au gouvernement malien, et d'autre part avec certains mouvements signataires» de l'accord de 2015 et «ayant choisi le camp des terroristes». Le département d'Abdoulaye Diop avait affirmé que ces réunions «constituent une ingérence dans les affaires intérieures» de son pays. La convocation intervenait au lendemain de l'audience accordée par le président Abdelmadjid Tebboune à l'imam malien Mahmoud Dicko, un opposant au pouvoir à Bamako. Trois jours après cette convocation du diplomate algérien, le Mali annonçait son adhésion à l'initiative lancée par le roi Mohammed VI d'accès des pays du Sahel à l'Atlantique. Un pas suivi, le lundi 22 janvier, par la nomination, d'un nouvel ambassadeur du Mali au royaume. Article modifié le 26/01/2024 à 08h25