Dans une démarche musclée, le Mali a fulminé contre l'Algérie, en dénonçant ses tentatives d'ingérence et sa politique condescendante à son égard. Ce qui a poussé le gouvernement malien à rompre l'accord d'Alger, signé en 2015 avec les rebelles touareg. Accusée d'instrumentalisation dudit accord à des fins politiques, l'Algérie se voit infliger l'un des plus spectaculaires camouflets de la part d'un voisin qu'elle considérait comme son arrière-cour. Détails. La crise diplomatique entre le Mali et l'Algérie prend une nouvelle tournure. Le gouvernement malien, qui ne supporte plus les agissements d'Alger, a haussé le ton en publiant un communiqué aux allures d'un ultimatum. Lu, d'un ton martial, à la télévision d'Etat par le colonel, Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement, le communiqué annonce la fin officielle de l'accord d'Alger avec effet immédiat. Un accord, rappelons-le, signé en 2015 entre l'Etat malien et les groupes indépendantistes du nord du pays, en vue de stabiliser le pays après les événements de 2012. Le gouvernement malien a justifié l'annulation de cet accord par "le changement de posture de certains groupes signataires". En réalité, Bamakou est exaspérée de l'ingérence algérienne dans ses affaires intérieures qu'elle ne supporte plus. Dans le communiqué, le gouvernement malien a évoqué des actes hostiles et une instrumentalisation de l'accord de la part des autorités algériennes "dont le pays est le chef de file de la médiation". Le gouvernement malien a fini par fulminer contre l'Algérie, coupable d'une série d'actes inamicaux, dont la volonté de maintenir le régime de sanctions des Nations Unies en dépit de l'opposition de plusieurs pays, dont la Russie, qui y voient une atteinte aux intérêts nationaux du Mali. Le communiqué dénonce également "la main cachée" de l'Algérie. La goutte qui fait déborder le vase est l'initiative de la diplomatie algérienne de vouloir intégrer dans le document final du Sommet des non-alignés, tenu en Ouganda, un chapitre sur le Mali sans son consentement. Autant d'agissements qui ont laissé croire aux autorités maliennes que l'Algérie perçoit le Mali comme son arrière-cour ou un Etat paillasson. Il s'agit là, aux yeux de Bamako, d'un signe de mépris et de condescendance intolérable. En prenant acte de tout de ce qui précède, le gouvernement a sommé l'Algérie de cesser immédiatement ses actes hostiles. Une mise en garde inédite. Il s'agit là d'un sévère camouflet pour le régime militaire qui n'a eu de cesse de se targuer en ressassant qu'il ne saurait y avoir de solution au Mali au-delà de l'accord de 2015. Un accord qui semble maintenant désuet à cause de l'amateurisme de la diplomatie algérienne qui, semble-t-il, fait de la médiation un moyen d'ingérence dans les affaires intérieures de ses voisins. Alger devient ainsi un Etat perturbateur de la stabilité dans la région. Rappelons que l'accord de 2015 a été remis en question après la reprise des tensions entre l'armée malienne et les groupes indépendantistes à dominante touareg du Nord, suite au retrait de la mission onusienne (Minusma).