Le Canada pourrait faire face à une nouvelle vague migratoire à la frontière avec les Etats-Unis après la décision de Washington de révoquer le statut légal de plus de 500.000 migrants latino-américains. Entre le 1er et le 20 avril, un total de 2094 personnes, majoritairement d'origine haïtienne, ont déposé des demandes d'asile au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle, dans le sud du Québec. Face à cet afflux, l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a indiqué que des ressources supplémentaires ont été mobilisées pour assurer la gestion sûre et sécuritaire de la frontière. L'agence fédérale prévoit aussi de louer des locaux pour disposer d'un espace de traitement supplémentaire et d'installer une connectivité à distance afin de traiter les demandes d'asile et d'assurer le suivi des dossiers des personnes qui devront être renvoyées aux Etats-Unis. À quatre jours du vote pour les élections fédérales, le Premier ministre du Québec, François Legault, a appelé les chefs des partis politiques à présenter un plan pour réduire de moitié le nombre d'immigrants temporaires dans la province, soulignant que le Québec a déjà dépassé sa capacité d'accueil. Lire aussi : Canada: les droits de douane américains devraient accentuer les pressions sur les prix Le chef libéral Mark Carney a affirmé qu'il était « approprié » de retourner les demandeurs d'asile aux Etats-Unis dans le cadre de l'accord « Entente sur les tiers pays sûrs », signé entre les deux pays. Pour sa part, le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, s'est engagé à travailler avec la province pour réduire de moitié le nombre d'immigrants temporaires sur son territoire. La province canadienne compte actuellement près de 600.000 immigrants temporaires. En mars dernier, l'administration américaine a décidé de révoquer le statut légal de plus de 500.000 migrants latino-américains. La décision concerne environ 532.000 Cubains, Haïtiens, Nicaraguayens et Vénézuéliens qui sont arrivés aux Etats-Unis dans le cadre d'un programme lancé par le précédent président Joe Biden. Ce programme permettait l'entrée aux Etats-Unis pendant deux ans pour un maximum de 30.000 migrants par mois en provenance de Cuba, Haïti, Nicaragua et du Venezuela en raison de la situation des droits de l'Homme dans ces quatre pays. Plus de deux ans après le lancement du programme, l'administration Trump a estimé que l'initiative n'avait pas atteint ses objectifs, était entachée de fraudes et n'était plus nécessaire.