En fin de semaine écoulée, le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a opposé une fin de non-recevoir à son homologue québécois, François Legault. Ce dernier ne cesse de réclamer davantage de pouvoirs en matière d'immigration, une compétence partagée entre les deux gouvernements et qui constitue depuis des années un point majeur de discorde entre les deux camps. "Non, nous n'allons pas donner plus de pouvoirs (au Québec) en immigration", a notamment affirmé M. Trudeau qui s'exprimait à l'issue de sa rencontre avec M. Legault, vendredi dernier à Montréal, soulignant que le Québec a déjà plus de pouvoirs en la matière que n'importe quelle autre province du pays nord-américain. "Ce n'est pas une question de qui a le contrôle de quoi, ce n'est pas une question de compétences ou de Constitution, c'est une question d'arriver à des solutions", a notamment fait savoir le responsable canadien, relevant qu'aucun pays dans le monde ne pourra donner le contrôle de son immigration à une partie de son territoire. M. Trudeau, a fait montre d'ouverture dans plusieurs dossiers, a fait savoir François Legault, notamment en lien avec la délivrance de visas et le délai moyen de traitement des demandes d'asile, que le Québec aimerait ramener de 18 à 6 mois, a indiqué M. Legault. Il se serait en outre montré ouvert à ce que les travailleurs temporaires qui relèvent d'Ottawa soient d'abord approuvés par le Québec, à ce que la connaissance du français devienne pour eux une exigence, et à ce qu'une partie de leurs demandes de renouvellement de permis soit refusée. Le Québec a toujours réclamé une meilleure répartition des populations demandant l'asile dans le territoire canadien, un resserrement de la politique d'octroi des visas pour freiner les demandes et le paiement des sommes déboursées par Québec pour l'accueil des demandeurs d'asile entre 2021 et 2023, qui s'élèvent à 1,056 milliard de dollars. Justin Trudeau n'a pas encore répondu à cet appel, mais s'est voulu rassurant sur le fait que le Canada dispose d'"un système d'immigration fonctionnel, rigoureux". Le gouvernement fédéral avait annoncé en janvier dernier une enveloppe de 100 millions pour aider à l'hébergement des demandeurs d'asile au Québec, suivi en février d'une somme de 775 millions pour l'accueil des nouveaux arrivants dans le cadre de l'Accord Canada-Québec. L'accueil des demandeurs d'asile au Québec a coûté plus d'un milliard de dollars à la province depuis 2021, avait indiqué le gouvernement Legault, qui somme Ottawa de lui rembourser ce montant. Québec évaluait jusqu'à tout récemment les dépenses liées à l'accueil des demandeurs d'asile à 470 millions de dollars pour les années 2021 et 2022. Toutefois, cette estimation a plus que doublé en prenant en compte l'année 2023, qui a coûté 576,9 millions. "Le nombre de ceux qui viennent au Québec est trop important pour notre capacité à livrer les services requis", déplorent les responsables québécois. "On a eu de l'ouverture, on a eu de l'écoute, mais on n'a pas eu les gestes concrets qui font la différence", regrettent-ils. Les dépenses engagées par Québec en lien avec les demandeurs d'asile comprennent un accès rapide aux programmes d'assistance sociale, l'hébergement temporaire, l'aide juridique, ainsi que la prestation de services de santé et d'éducation. Jusqu'à présent, Québec et Ottawa peinent encore à trouver un accord sur le volet des compensations financières.