Penseur investigateur-interrogateur, comme à son habitude, l'auteur de l'émouvant Pleure Aïcha Mekki, tes chroniques égarées (Malika Editions, 2001) et des très instructifs Mes Chroniques inutiles et Mes autres chroniques inutiles publiés chez Edif, partage, dans Je vous parle des temps (presque) heureux, sa fine connaissance du Royaume et de ses peintres. Un « ouvrage éclectique » offrant « un voyage dans le temps », comme le décrit si bien son éditeur, Naïm Kamal. Tout est dans le "presque", commente Eugène Ebodé en saluant la parution de Je vous parle des temps (presque) heureux. L'écrivain camerounais-français à succès connaît bien l'érudition d'Abdeljalil Lahjomri, auteur de ce beau livre élégamment édité par Quid.ma. Ebodé côtoie régulièrement le secrétaire perpétuel de l'Académie du Royaume du Maroc, puisqu'il pilote la chaire des littératures et des arts africains au sein de cette prestigieuse institution. Le « presque » d'Abdeljalil Lahjomri est en effet révélateur, dès les premières pages, d'une nostalgie lucide, celle d'un grand amoureux de la peinture devant l'Eternel. Un amour auquel est consacrée la première partie de l'ouvrage, inaugurée par ces questions essentielles que pourraient se poser les lectrices et lecteurs, « dilettantes ou collectionneurs audacieux » : Comment est née et s'est développée la peinture au Maroc ? Qui en sont les pionniers ? Quelles étaient leurs formations ? Y a-t-il eu des écoles (dans le sens de courants) ? Comment expliquer la vitalité de la création picturale au Maroc depuis 1956 ? À ces interrogations, Abdeljalil Lahjomri apporte des réponses de fin connaisseur, à travers un "voyage plastique" décliné en "chroniques", pour combler certaines lacunes historiques. "Lieux de mémoire", titre de la deuxième partie, est une autre invitation à un voyage tout aussi immersif, mais cette fois-ci dans l'Histoire du Maroc. Lahjomri y révèle ces "petites choses" de l'histoire qui font la grande Histoire, à travers des figures et des lieux emblématiques : Mo'atamid Ibn Abbad à Aghmat, Sidi Belabbas à Marrakech, la République de Salé qui n'a jamais existé. L'éditeur donne aussi à lire la saisissante chronique de Lahjomri sur l'énigmatique mésaventure de l'écrivain malien Yambo Ouologuem. « Autant d'hommes et de lieux qui, à chacune des phrases, ramenaient l'auteur à des temps heureux. Presque heureux. », écrit Naïm Kamal. En bonus, les lectrices et les lecteurs du beau livre d'Abdeljalil Lahjomri se voient offrir la lettre ouverte adressée par Abdeljalil Lahjomri à son condisciple à la Faculté des Lettres de Rabat, Tahar Ben Jelloun, lui proposant six entrées (rectificatives pour certaines) pour la future édition du Dictionnaire amoureux du Maroc. Ces propositions sont, elles aussi, révélatrice de la quête de la perfection du Secrétaire perpétuel de l'Académie du Royaume du Maroc qu'il sait « illusoire » comme le montre son désormais fameux « presque ».