La campagne oléicole 2023-2024 a été marquée par une baisse de la production nationale d'olives, estimée à 950 000 tonnes, soit une diminution de 11 % par rapport à l'année précédente. Cette situation s'explique par la sécheresse persistante, les fluctuations de température et les vagues de chaleur estivales. Cependant, grâce à l'application du programme de gestion intégrée des cultures (ICP), les plateformes de démonstration (PFDs) ont enregistré une augmentation moyenne des rendements allant de 19 % à 38 % par rapport aux parcelles témoins. El Ahmed Moutaki, ingénieur agronome et coordinateur national du dispositif Al Moutmir, met l'accent sur l'importance de cette approche scientifique : « Nous avons mis en place un itinéraire technique basé sur une fertilisation raisonnée, une gestion efficace de l'eau et un programme intégré de lutte contre les maladies et ravageurs. Les résultats montrent que, malgré les conditions climatiques difficiles, les rendements des PFDs ont progressé de 18 % à 39 %. » Des plateformes de démonstration Depuis son lancement, Al Moutmir a installé plus de 6 930 plateformes de démonstration (PFDs) dédiées à l'olivier à travers le Maroc. Rien que pour la campagne 2023-2024, 987 PFDs ont été mises en place dans 24 provinces et 159 communes, permettant à plus de 640 agriculteurs d'en bénéficier directement et à plus de 6 000 autres d'être accompagnés indirectement via des formations et des écoles aux champs. Le concept des PFD repose sur la comparaison entre une parcelle où l'itinéraire technique optimal est appliqué sous la supervision des ingénieurs agronomes d'Al Moutmir, et une parcelle témoin où l'agriculteur suit ses pratiques habituelles. Cette approche permet aux producteurs d'observer concrètement les bénéfices de techniques innovantes et de les adopter progressivement. Une meilleure efficacité dans la gestion de l'eau L'un des grands enjeux de la culture oléicole reste la gestion de l'eau, particulièrement dans un contexte de raréfaction des ressources hydriques. Dans ce cadre, Al Moutmir a introduit des capteurs intelligents permettant de mesurer l'humidité du sol en temps réel et d'ajuster l'irrigation en fonction des besoins réels des arbres. Cette innovation a permis une augmentation de la productivité moyenne de l'eau de 11 % à 25 % par rapport aux parcelles témoins, optimisant ainsi chaque mètre cube utilisé. Belkacem Boulouha, professeur-chercheur à l'UM6P, explique : « Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la baisse de production n'est pas uniquement liée à la sécheresse. Une grande partie des vergers marocains est irriguée, et 50 % de ces superficies bénéficient de l'irrigation localisée. Avec les bonnes pratiques, il est possible de maintenir des niveaux de production satisfaisants. » Vers une extension du programme Fort de ces résultats, Al Moutmir entend intensifier ses efforts en augmentant le nombre de PFDs et en intégrant davantage de nouvelles technologies. L'objectif est d'atteindre un plus grand nombre d'agriculteurs et de renforcer la durabilité du secteur oléicole face aux défis climatiques. « Pour la prochaine campagne, nous allons continuer à accompagner et encadrer les agriculteurs en élargissant nos plateformes et en introduisant des technologies avancées pour une meilleure gestion de l'eau et des ressources », affirme El Ahmed Moutaki,.