L'ambassadeur du Mali en Algérie a été rappelé pour consultation à Bamako par « principe de réciprocité », selon un communiqué transmis par le ministère malien des Affaires étrangères, alors que la tension s'est accrue cette semaine entre les deux pays. Si, officiellement, l'Algérie guide la médiation dans le dossier malien, laquelle associe l'ONU, des organisations africaines et des partenaires étrangers, les responsables maliens soupçonnent le régime algérien de jouer sur un double registre et d'encourager les séparatismes qui minent le Mali. Mercredi, ce dernier avait été convoqué par le ministère malien des Affaires étrangères pour des « actes inamicaux » et « une ingérence » d'Alger dans « les affaires intérieures » du Mali, selon la diplomatie malienne. Il lui est notamment reproché des réunions avec des séparatistes touareg sans associer les autorités maliennes. Cette convocation est également arrivée après la réception à Alger mardi par le président Abdelmadjid Tebboune d'une importante figure religieuse et politique malienne, l'imam Mahmoud Dicko, l'un des rares à oser exprimer ouvertement ses désaccords avec la junte au pouvoir depuis août 2020. Bamako avait convoqué l'ambassadeur d'Algérie « pour élever une vive protestation » du Mali « suite aux récents actes inamicaux posés par les autorités algériennes, sous le couvert du processus de paix au Mali », selon un communiqué du ministère. L'accord signé en 2015 entre le gouvernement malien et des groupes armés à dominante touareg, dit accord d'Alger, est devenu quasi-obsolète. Cet accord est sérieusement mis à mal depuis la reprise des hostilités fin août entre ces groupes rebelles et l'armée malienne, après huit ans d'accalmie. En réponse, le chef de la diplomatie algérienne a rappelé que le 13 décembre, l'Algérie avait appelé, à travers un communiqué, « toutes les parties maliennes à renouveler leur engagement dans la mise en œuvre de l'Accord de paix et de réconciliation issu du processus d'Alger ». Le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, a rappelé à l'ambassadeur du Mali, que « toutes les contributions de l'Algérie à la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité au Mali ont toujours reposé sur trois principes cardinaux dont elle n'a jamais dévié », selon un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères. Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, est vendredi et samedi en visite au Maroc, avec qui Alger a rompu ses relations diplomatiques en août 2021.