L'audience accordée, le mardi 19 décembre, par le président Abdelmadjid Tebboune à l'imam quiétiste malien, Mahmoud Dicko, au siège de la présidence de la république en présence du général-major Mehenna Djebbar, patron des services de renseignements extérieurs, n'a pas manqué de faire réagir le gouvernement malien. La réaction malienne n'a pas tardé à se manifester à ce qui est considéré à Bamako comme un geste inamical envers la république du Mali. Cette réaction s'est traduite par la convocation de l'ambassadeur algérien à Bamako par le ministre malien des affaires étrangères et de la Coopération internationale, le mercredi 20 décembre « pour élever une vive protestation du Gouvernement de la République du Mali, à la suite des récents actes inamicaux posés par les Autorités algériennes, sous le couvert du processus de paix au Mali ». Selon un communiqué diffusé par le Bureau de l'Information et de la Presse du ministère malien des Affaires étrangères, « le ministre a souligné que les rencontres récurrentes, aux niveaux les plus élevés en Algérie, et sans la moindre information ou implication des Autorités maliennes, d'une part, avec des personnes connues pour leur hostilité au Gouvernement malien, et, d'autre part, avec certains mouvements signataires de l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger, ayant choisi le camp des terroristes, sont de nature à entacher les bonnes relations entre les deux pays ». Il est à souligner que l'mam Mahmoud Dicko a été reçu seul à El Mouradia alors qu'il avait en face de lui, outre le président de la république algérienne, son directeur de cabinet, son conseiller chargé des affaires religieuses et des relations avec les zaouïas et en présence, surtout, du Directeur Général de la Documentation et de la Sécurité Extérieure, le général-major Mehenna Djebbar. La présence de ce dernier, à l'audience, signifie clairement qu'il y a une action menée par une structure de renseignements qui n'a rien à voir avec la diplomatie. D'où l'interprétation d'ingérence dans les affaires intérieures du Mali. C'est ce qui est révélé dans le communiqué du ministère malien des Affaires étrangères qui indique qu'il a été souligné, avec « insistance », à l'ambassadeur algérien à Bamako, « que ces actes constituent une ingérence dans les affaires intérieures du Mali ». En conclusion, le ministre malien « a invité la partie algérienne à privilégier la voie de la concertation avec les Autorités maliennes, seules légitimes pour entretenir des échanges d'Etat à Etat avec les partenaires du Mali ». L'audience accordée par le président Tebboune à l'imam malien et largement médiatisée révèle l'amateurisme des nouveaux conseillers du président algérien en matière de diplomatie. Jamais une audience accordée par un chef d'Etat à une personnalité étrangère en présence d'un patron des services de renseignements n'a été médiatisée. C'est à méditer.