Que pouvait faire Sharon contre son parti, le Likoud, dont le Comité central est, à présent, dominé par Netanyahou aidé par Sylvain Shalom, avoué d'extrême droite ? Pendant tout le mois de mars dernier, le gouvernement Sharon a connu une situation incertaine. Sharon devait, avant tout, s'assurer du vote du budget 2005, avant le 31 mars, faute de quoi le Parlement (Knesset) était dissous et le gouvernement renvoyé à de nouvelles élections dans un délai maximum de 60 jours. D'autre part, l'extrême droite des « rebelles » du parti du président du Conseil était curieusement renforcée par Benyamin Netanyahou et son équipe, soit au total 26 députés du « Likoud » sur 40. Sans oublier que Netanyahou, pour montrer sa « loyauté » à l'égard de l'extrême droite et des religieux opposés au désengagement de Gaza, était allé insister auprès du Rav Obadia Yossef, chef spirituel du Shass, pour faire voter ses 11 députés au profit d'un Référendum, destiné à annuler la décision de la Knesset favorable au désengagement et à l'évacuation des colonies de Gaza et du Nord de Samarie. En réalité, Benyamin Netanyahou, ministre des Finances voulait démontrer que son budget passerait, grâce à un maximum de voix dont il disposait au sein du Likoud, renforcé par les alliés de Sharon à gauche ou auprès des modérés. Sachant surtout, qu'un vote pour le référendum allait reporter la décision de la Knesset, en démontrant une nouvelle majorité parlementaire composée en sa faveur, par 26 députés du Likoud ainsi que ceux de droite et des partis religieux, soit plus de 61 voix : le pourcentage représentant au Parlement la majorité absolue. En un mot, Benyamin Netanyahou remplacerait, ainsi Ariel Sharon au gouvernement, et mettrait fin au projet de désengagement de Gaza. Que pouvait faire Sharon contre son parti, le Likoud, dont le Comité central est, à présent, dominé par Netanyahou aidé par Sylvain Shalom, avoué d'extrême droite ? Que peut-il faire contre le groupe parlementaire du Likoud dont 26 sur 40 l'avaient quitté ? Contre toute la droite et tous les partis religieux y compris le Shass ? Il lui semblait nécessaire tout d'abord, d'assurer le vote du budget de l'Etat, avant le 31 mars 2005, par une majorité renforçant sa coalition gouvernementale. Après avoir promis à la droite et aux religieux de faire passer en commission parlementaire « des lois » le projet de loi spéciale organisant un referendum qui serait, ensuite, soumis au Parlement. Cet accord acquis, pour confirmer le vote au Parlement, et non pas seulement en commission, - comme il s'y était engagé en faveur du referendum -, le président du Conseil réussit à convaincre le parti modéré (Shinouï), de voter pour le budget. Bien que son président Tomy Lapid était dans l'opposition totale à l'égard de la nouvelle politique de Sharon, tout en restant un militant du désengagement de Gaza, de voter pour le budget. Après de longs discours contradictoires, Sharon réussit à «enlever le marché », pour 200 millions de dollars, accordés comme subvention au parti Shinouï !… Donc, au courant de la semaine dernière, Sharon a réussi à faire voter, le mardi, le budget 2005 par la Knesset à une majorité de 56 voix contre 39, alors que la veille le Parlement israélien avait rejeté le projet de référendum contre le désengagement de Gaza, par 72 voix contre 39. Entre les deux votes, Sharon avait perdu le soutien de la gauche, des religieux orthodoxes et, également, des divers dont deux députés arabes israéliens sur le vote du budget. Il démontrait, ainsi, que Benyamin Netanyahou, ministre des Finances, n'avait réussi à réunir, en faveur de son budget, qu'une quinzaine de députés du Likoud. Dans tous les cas, Sharon avait, donc, su « acheter » des voix à la Knesset, avec des millions de shekels (ou de dollars), ou avec des postes au gouvernement promis aux députés restés « fidèles » au président du Likoud… La réussite espérée de Netanyahou s'était avérée douteuse. Et celle de Sharon, partielle, car il n'a pas pu faire admettre à la Knesset la nomination de trois nouveaux ministres, dont deux du Likoud. Il ne put que disposer de ses pouvoirs de président du Conseil, pour appliquer ses promesses et imposer la nomination de 6 vice-ministres, tous du Likoud!… Dans cette « cuisine » intolérable, une grande tâche est venue affaiblir la démocratie parlementaire israélienne. Elle démontrait que Sharon n'était plus populaire au sein du Likoud, dont il reste le président. Car, Benyamin Netanyahou ayant échoué dans sa manœuvre pour composer une nouvelle majorité parlementaire, ne pouvait prétendre remplacer Sharon. Cependant, à cause de la dislocation du Likoud, dont les 40 députés sont éparpillés en trois groupes, Sharon ne peut espérer survivre, longtemps, à la tête d'une coalition gouvernementale sans majorité. Il est, actuellement, très probable qu'après le désengagement de Gaza en juillet 2005, il devrai avancer les élections législatives, prévues officiellement en novembre 2006. Quoi qu'il en soit, le résultat des élections parlementaire, la semaine dernière à la Knesset, risque d'aboutir à des élections législatives israéliennes plus proches. De telles élections devraient créer un Parlement intenable et sans majorité cohérente, le Likoud étant désarticulé, la gauche y compris les travaillistes, quasiment évaporée dans ses incohérences, et l'extrême droite et les religieux orthodoxes tombés dans un extrémisme insoutenable pour l'opinion publique israélienne… Cette faiblesse permettra, peut-être, au pouvoir américain d'imposer une solution viable et raisonnable… D'autant que le président Bush, avec sa secrétaire d'Etat Condolezza Rice, demandera, également son dû après son appui à Sharon sans relâche. Celui-ci lors de sa prochaine visite à Dallas, la semaine prochaine, devra accepter de remettre en chemin la « feuille de route » et de favoriser la constitution d'un Etat palestinien présidé par Mahmoud Abbas. Plus encore, il lui sera demandé d'ouvrir de véritables négociations avec les représentants de l'Autorité palestinienne, pour la définition des frontières du territoire de l'Etat palestinien définitif… Car c'est la dernière étape de la « feuille de route » que soutiennent le président Bush et le «Quartette» (USA, Union européenne, Russie et ONU).