Le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, a effectué un voyage à Washington pour adopter son plan de «désengagement de Gaza » et l'annonce de son programme unilatéral concernant l'annexion des grandes colonies « proches » de la frontière israélienne de 1967. Et, aussi, explique la presse israélienne, le règlement des réfugiés palestiniens, dont on limite leur installation dans le nouvel Etat palestinien, et leur indemnisation. Ce véritable plan de «séparation unilatérale» a été plaidé à Washington pendant le long week-end, avant l'arrivée de Sharon à Washington, par son chef de cabinet Dov Weisglass, qui est l'auteur essentiel de ce plan… En effet, Dov Weisglass est décrit, par Shalom Yeroushalmi dans «Maariv» comme « le grand avocat personnel de Sharon depuis 1982 », qui est arrivé à son cabinet en 2002. Agé de 58 ans, Weisglass a défendu Sharon, en 1982, face à la commission Kahn, sur la guerre du Liban et, en particulier, sur Sabra et Chatila. D'autre part, il a plaidé la poursuite en diffamation contre l'hebdomadaire Times. Depuis, il est devenu l'homme de confiance et le confident de la famille. Les liens de Sharon devaient, par la suite, l'aider à s'imposer comme l'un des dix plus grands avocats israéliens : celui des élites politiques et économiques qui feront sa fortune. Weisglass ne cesse de dire qu'il a fait un sacrifice financier en acceptant une fonction publique. Il est, à présent, connu pour son activité débordante, en coulisses. Le ministre des Affaires étrangères, Sylvain Shalom, son principal ennemi, va jusqu'à dire : «chaque voyage de Weisglass n'apporte que des dégâts». Faisant allusion à la préparation de la visite de Sharon à Washington depuis mardi dernier, dont Sylvain Shalom a été éloigné… Pourtant, selon d'autres ministres, Weisglass est sympathique et plein d'humour. Il est « l'homme le plus important d'Israël, celui qui tire les ficelles et saoule Sharon de ses conseils ». Pour d'autres, encore, « il détruit le pays par son manque d'expérience face aux Américains». Les mêmes critiquent son monopole des relations avec la Maison-Blanche, compte tenu de ses relations exceptionnelles avec Condolezza Rice. Son adversaire, Sylvain Shalom, selon l'analyste de « Maariv », est révolté, car « Sharon s'est réservé, ainsi , des relations avec les Américains et les Palestiniens, ne lui laissant que la promotion des relations avec la Corse et l'Amérique Centrale ». Les relations, entre Weisglass et Sylvain Shalom, dépassent l'animosité traditionnelle entre le cabinet du chef du gouvernement et le ministre des Affaires étrangères. Shalom est convaincu que « Weisglass a cessé d'être un simple fonctionnaire. Le pouvoir lui est monté à la tête. Il veut rester à son poste tout puissant, pour l'éternité. Il prépare, pour cela, le terrain à la succession de Sharon, au profit de Shaül Mofaz, ministre de la Défense». Le chef de cabinet n'a jamais nié son peu d'estime pour son adversaire permanent. Il dit vouloir se constituer en « bouclier », au profit de Sharon, en véritable muraille pour le protéger des ricochets en recueillant, à sa place, toutes les critiques. Sans accepter de dire que son patron était un homme pouvant être manipulé, Weisglass reconnaît qu'il a su faire comprendre à Sharon, la vision du président Bush de deux Etats (israélien et palestinien) et l'a convaincu d'accepter la feuille de route. Un autre analyste de «Haaretz», Yoel Marcus, va encore plus loin. Il a fait dire à Sharon dans une interview : «nous ne pouvons pas continuer à dominer un peuple. Il nous faut quitter des lieux qui, de toute façon, nous ne conserverons pas dans l'accord final ». Mais au-delà de ces nouvelles déclarations, le journal de droite modérée «Maariv», met en garde «Weisglass est considéré comme un homme optimiste, à la limite de la fantaisie. Il est convaincu que Sharon représente la perfection même et ses plans sont exceptionnels». Partisan enthousiaste du plan de désengagement, il veut convaincre ses interlocuteurs à Washington du « caractère historique irremplaçable» de ce plan. Il faut sauter dessus, considère-t-il, «sans tarder car, demain, il n'y aura pas un plan alternatif ». Mais Weisglass oublie de dire à ses amis américains que le plan Sharon devra être approuvé par le référendum du parti Likoud, ce qui n'est pas encore certain, et ensuite, par la Knesset. Ceci donne à Weisglass l'occasion de négocier, en coulisses, avec des responsables travaillistes, encore plus retords que lui, pour remplacer l'extrême-droite du gouvernement Sharon. Weisglass était certain que Sharon reviendrait de Washington avec un feu vert pour son plan, ses travaux de préparation avec Condolezza Rice ayant été convaincants. Avec l'aide de Shaül Mofaz, malgré, peut-être, les hésitations de Benyamin Netanyahou devant l'accord inattendu du président Bush, l'initiative réussie de « désengagement » menée par Weisglass auprès de Sharon puis des Américains, pourrait être rejetée par le Likoud. Pourtant le sondage d'hier, a donné 57,5% oui et 40% non au référendum prévu le 2 mai prochain. On pourra alors, - un refus pouvant renvoyer Ariel Sharon et un accord faire entre les travaillistes dans un gouvernement d'union-, proclamer, rappelle Yoel Marcus, la célèbre formule de Churchill « C'est le début, du début de la fin » de l'occupation, l'existence des colonies n'étant plus sacrée… • Par Robert Assaraf