On avait l'habitude des relations tendues entre Abdelilah Benkirane et Aziz Akhannouch. Alors même que le PJD et le RNI constituent les deux piliers du nouveau gouvernement, Saad-Eddine El Othmani et son ministre de l'Agriculture ont démarré une passe d'armes entre Bouznika et Francfort. Entre le PJD et le RNI point de «trêve des confiseurs». Trois jours après la formation du nouveau gouvernement, les deux partis reprennent les hostilités. Saad-Eddine El Othmani a été le premier à dégainer sa carabine en direction de la Colombe. Hier, à l'occasion d'une réunion interne de la Lampe tenue à Bouznika, le secrétaire général s'est targué que sa formation est la seule de la majorité qui a proposé un jeune au poste de ministre. «Personne ne s'attendait à ce que Mohamed Amekraz soit ministre. Notre parti est habitué à créer les surprises. Nous sommes fières que Me. Mohamed Amerkraz soit ministre. Il est ministre grâce au soutien de Sa Majesté», s'est-t-il vanté. 2021 c'est loin... Il a enchainé en regrettant que d'autres partis n'aient pas honoré leurs engagements en présentant des jeunes au gouvernement. Une allusion claire au RNI. Moins de vingt-quatre heures après cette sortie, la riposte de la Colombe est parvenue depuis Frankfort en Allemagne. De la tribune d'une réunion de la jeunesse du RNI, Aziz Akhannouch a accusé Saad-Eddine El Othmani de «vouloir torpiller le discours royal prononcé à l'occasion de l'ouverture du Parlement». «Nous sommes vos partenaires dans la majorité. Nous nous sommes conduits comme des hommes avec vous lors de la formation de ce gouvernement. Tu n'as rencontré aucun problème. Nous t'avons même facilité la tâche.» Aziz Akhannouch «Je pense que le chef du gouvernement doit dire la vérité. A Agadir (le 20 septembre à l'occasion de l'université de la jeunesse du RNI, ndlr) j'ai dit qu'en 2021 les jeunes seront au gouvernement et je suis conscient de ce que j'ai dit. (…) Mais qu'il ne fasse pas de la politique sur le dos de notre parti alors que nous sommes des alliés», s'est indigné Akhannouch. Ce genre de passe d'armes entre le PJD et le RNI est appelé à s'aggraver d'ici l'échéance des législatives de 2021. Paradoxalement, cette dispute entre les deux formations appartenant à une même majorité donne du crédit aux arguments présentés par le PPS de Nabil Benabdellah et justifier son basculement dans les rangs de l'opposition. Les camarades avaient notamment pointé l'absence de cohésion entre le RNI et le PJD.