Saâd-Eddine El Othmani sort de sa réserve et adresse un sérieux avertissement à ses «alliés» au sein de la majorité. Sur un ton très autoritaire, le PJDiste a dit ne tolérer aucune «poche ou zone d'influence» à l'intérieur de son cabinet. Un message visiblement destiné au RNI. Treize mois de présidence du gouvernement plus tard, Saâd-Eddine El Othmani tente de s'imposer comme le véritable chef de file de la majorité. Samedi, au siège de son parti à Rabat à l'occasion de la première réunion de la commission nationale depuis le congrès de décembre, il s'est montré ferme voire même autoritaire avec ses «alliés» au sein de l'exécutif. «Nous n'allons pas tolérer l'existence de poches ou de différentes zones d'influences au sein du gouvernement», a-t-il martelé devant ses «frères et sœurs». Jamais auparavant El Othmani n'avait adopté pareil ton contre les autres composantes de sa majorité. Et même lorsque le RNI d'Aziz Akhannouch s'est lancé dans une campagne critiquant sans ménagement les mauvaises réalisations enregistrées dans les secteurs de l'Education nationale, la Santé et l'Habitat, le secrétaire général du PJD est resté silencieux. Ce mutisme avait alors poussé Abdelilah Benkirane a riposter aux attaques répétées des ministres RNIstes lors du 6e congrès de la jeunesse de la Lampe. Pourquoi maintenant ? Le timing de cette sortie de Saâd-Eddine El Othmani n'est pas dû au hasard. Le PJDiste sait parfaitement que la Colombe traverse une zone de turbulences dangereuse, conséquence de la campagne de boycott en cours visant trois produits, dont les stations Afriquia appartenant à Aziz AKhannouch. Il sait également que dans le contexte actuel, le RNI n'est pas en mesure de répliquer à cette manifestation d'autorité de sa part. Il est par exemple exclu que des ministres RNIstes défient son «autorité» en boudant la réunion du conseil du gouvernement, comme ce fut le cas le 8 février dernier. Trois mois après cette «fronde», la donne a changé. L'opération d'évaluation des cadres de la Colombe du travail des autres membres de l'exécutif n'est plus d'actualité. Le RNI est même entré dans une phase de silence, après une période d'intense activité politique. L'occasion pour le chef de gouvernement de rebondir et redorer son blason sérieusement terni par des revers électoraux lors de scrutins partiaux et des congrès régionaux de son parti.