Le RNI et l'USFP, deux composantes de la majorité gouvernementale, sont vent debout contre Benkirane. En cause, sa dernière sortie à l'occasion du 6e congrès de la jeunesse du PJD contre les deux partis. Même écarté des postes de responsabilités, Abdelilah Benkirane est parvenu à fragiliser davantage la majorité gouvernementale. Ses flèches décochées, samedi 3 janvier, en direction d'Aziz Akhannouch et Driss Lachgar ont suscité l'ire dans les rangs du RNI et de l'USFP. De la tribune du 6e congrès de la jeunesse du PJD, l'ancien chef du gouvernement a notamment mis en garde contre les dangers du «mariage de l'argent avec la politique», soulignant que «seuls les politiques sont les mieux placés pour traiter avec les citoyens». S'adressant directement au président de la Colombe, Benkirane a estimé que le «peuple marocain est encore nostalgique de ses bons politiques et ses partis authentiques et ils existent». Sans aucun doute, il parle de lui-même. Que fera El Othmani ? Les critiques de l'ex-secrétaire général de la Lampe ont également ciblé l'USFP. Il a accusé le parti de la Rose de protester d'une manière proche de celle des «baltajis». «Il est inadmissible, s'est-il emporté, qu'au sein de la majorité un groupe avec 124 députés accepte de subir la volonté de quelqu'un qui a formé son groupe (à la Chambre des représentants) non sans difficultés». Une allusion plus que transparente à l'USFP. Les flèches de Benkirane ont été largement applaudies par la salle. Le choix de cibler le RNI et son grand allié l'USFP n'est pas fortuit. Benkirane et les siens sont persuadés que le président de la Colombe a contribué à sa destitution par le roi Mohammed VI de former un nouveau gouvernement. Quant aux socialistes, et au grand dam des islamistes, ils n'ont pas changé d'un iota leur politique vis-à-vis du PJD. En témoigne, les graves divergences entre les deux partis sur la caisse de retraite des parlementaires sans oublier les rumeurs sur une éventuelle détérioration des relations entre Saâd-Eddine El Othmani et son ministre USFPeiste de la Fonction publique, Mohamed Ben Abdelkader. La balle est dans le camp d'El Othmani. Des voix au sein du RNI et de l'USFP lui demandent de briser son silence. Hier au terme de son passage à la Chambre des représentants, le chef du gouvernement a nié qu'Akhannouch ou Lachgar aient réclamé une réunion de la majorité pour examiner les attaques de Benkirane. Néanmoins, Aziz Rebbah a apporté un autre son de cloche. Il a souhaité que les composantes de la majorité dépassent les conséquences de cette affaire.