Revenu à El Jadida en tant que membre d'une association d'anciens mazaganais sous la présidence de Jean Louis Morel écrivain fabuliste pour un séjour à la sauvette, et fol amoureux de la ville qui l'avait vu atteindre sa maturité, Rafaèl, fils du docteur Vasquez le Kalaâoui, les laissa partir pour Boulaouan un après midi pour s'aventurer, incertain mais résolu, dans son ancien quartier, enquêtant sur ses habitants et ce qui restait comme vestige. A chaque fois qu'il rencontrait une vieille connaissance, il se blottissait dans ses bras et pleurait d'émotion. Le jour ou l'autocar s'ébranlait avec ses anciens mazaganais pour l'aéroport de Casablanca, Rafaèl prit Chouaib Douib, l'écrivain Jdidi, dans ses bras. Les deux hommes pleurèrent jusqu'à hoqueter au point de chuter sur le coussin. Rafaèl se souvenait toujours que Chouaib, encore « brin de paille » et héros de « mirages », priait toujours pour que le pneu de l'espagnol crevât encore et encore pour qu'il vienne le réparer dans l'atelier moyennant vingt centimes. Quand il le lui avait avoué Rafaèl lui répondit : « que c'était peut être toi qui semait des clous sur mon chemin ». Concluant la plaisanterie par un rire innocent. De retour à Almeria, Rafaèl gratifia El Jadida d'un roman qu'il écrivit en son honneur et relatant ses éclats au sein de la bande du quartier. Pour l'écrivain Rafael Vasquez Lopez, cet ouvrage est un prologue aux mémoires de Mazagan-El Jadida, de 1954 à 1964 et de 9 à 19 ans. Les souvenirs de Mazagan-El Jadida de 1954 à 1964 sont le récit autobiographique de cette tranche de vie qu'il a vécue, dans une belle ville du Maroc, tellement agréable et splendide dans son superbe environnement maritime, port et plages en façade atlantique, que le Maréchal Lyautey avait surnommée « Le Deauville marocain », à l'époque du Protectorat français au Maroc. Ces mémoires sont destinées essentiellement à être lues par sa famille et ses amis, mais aussi par toute personne, mazaganais et jdidis inclus, intéressée par cette décennie, qui a marqué un changement important dans l'Histoire du Maroc, passage pacifique et négocié de régimes coloniaux à l'indépendance souveraine du pays, accompagné parfois par certains évènements violents et par le changement des noms de plusieurs villes : Mazagan, la portugaise devenant ainsi El Jadida (La Nouvelle en arabe), Mogador devenant Essaouira... "J'ai écris ces agréables souvenirs ( j'ai volontairement omis les mauvais), souligne Rafaèl, en faisant surtout appel à ma mémoire, mais aussi en tenant compte des remarques de mes sœurs et également de l'avis de quelques amis, ayant partagé ou étant impliqués dans les aventures que je raconte en 15 chapitres. Et d'ajouter: "J'avoue avoir consulté, dans certains cas, les informations du Web, pour pallier des trous de mémoire et éviter ainsi des erreurs dues à mon imagination", à t-il indiqué. En résumant, conclut l'écrivain Espagnol-Jdidi, c'est ma vie au quotidien dans le contexte marocain et dans un cadre et une ambiance familiales, que je retrace, pour transmettre à mes enfants et petits-enfants, en guise d'héritage, tout ce qui m'a le plus marqué de ces temps révolus, si différents de ceux que nous vivons aujourd'hui. Il faudrait aussi dire que la vision des faits authentiques narrés dans ces mémoires sont passés à travers le filtre de l'âge : bien que j'aurais voulu l'éviter, le passage de nombreuses années ont fait de moi une autre personne, mais malgré tout, je crois avoir été assez fidèle à ces souvenirs d'enfance, de mon adolescence et du début de mon âge d'homme mûr, bien qu'à présent je sois rendu au troisième âge !...