Le cri de détresse lancé par notre journal le 15 avril dernier (un énième SOS pour sauver un Festival moribond) n'a malheureusement pas trouvé d'oreilles réceptives et ce qui devait arriver arriva. Le FNAP est mort à l'âge de 56 ans non pas par sénilité mais par la négligence de ceux qui sont censés le protéger et veiller sur sa sauvegarde. Nous avons nommé la soi-disant Fondation desArts Populaires et le Wali Mohamed Chraïbi, celui-là même qui l'avait investie de ce titre honorifique en 2007. Au fait, c'est une deuxième mort si l'on peut dire puisqu'il était déjà tombé dans un coma profond en 1997 et n'a eu son salut que grâce à l'Association le Grand Atlas qui avait sauté à son chevet, le sauvant 2 années après d'un décès certain. C'est ainsi qu'il avait retrouvé vie et s'était considérablement bonifié allant jusqu'à bénéficier d'une large couverture médiatique nationale et internationale, dégageant même des bénéfices puisque la billetterie à elle seule renflouait la trésorerie de 30 millions de centimes. Dans les années 2005 – 2006, le FNAP rivalisait avec le méga Festival Rbati de musique alors que son budget ne dépassait guère 3 millions de DH. C'est qu'il était jusqu'alors entre de très bonnes mains, celles du Dr Mohamed Knidiri pour ne pas le nommer et une équipe professionnelle aguerrie, triée sur le volet. TV5, EuroNews et autres T.V de l'Amérique , de l'Europe et de l'Afrique se bousculaient à son portillon, s'arrachant la primeur des reportages sur ses programmes, surtout que le FNAP comportait plusieurs activités culturelles et artistiques qui vont des expositions picturales et plastiques et conférences à des ateliers et autres compétitions ludiques ou environnementales, ce qui confère à Marrakech une intense animation de dimension internationale et partant l'arrache à la morosité estivale où le tourisme essentiellement commercial et industriel lui tourne le dos, canicule oblige. Tout cela relève aujourd'hui du passé. Mohammed V en avait semé la graine en 1960 dans l'objectif de sauvegarder notre folklore qui constitue un pan important de notre Histoire. Le même sentiment et les mêmes préoccupations animaient ses successeurs, en l'occurrence feu Hassan II et SM Mohammed VI, tous deux épris de l'importance de la culture dans le développement humain, social et économique. Il semble que le ministère de la Culture ne partage pas ce souci puisqu'il s'est illustré en coupant les vivres au FNAP, l'abandonnant au ministère du Tourisme et au privé. Qu'à cela ne tienne, le FNAP a continué bon an mal an à jouer son rôle de vecteur de renforcement des liens entre les peuples et d'échanges culturels fructueux faisant venir des troupes artistiques d'autres horizons, d'Europe, d'Amérique, d'Asie et bien entendu d'Afrique. Fédérateur de diverses cultures, le FNAP le fut pendant plusieurs années, en témoignent les médias écrits et audio-visuels qui se précipitaient pour être de la fête. De cette fête, il n'en reste plus rien à un moment où chaque région disposait de la sienne, leur doyen qui les réunissait a fini par rendre son souffle sans crier gare. Le malheur, c'est le silence complice qui l'entoure, lequel silence perdure au lieu de susciter un débat responsable sur la gravité de l'état du sujet. Cette situation s'apparenterait visiblement à un complot, surtout que son état végétait au fil des années devant la passivité des autorités locales, voire des ministères directement concernés. Il faut avouer que le wali Abdelfettah Labjioui n'y est pour rien puisqu'il vient tout juste d'étrenner son mandat, par contre les élus si. Osons espérer une réaction massive de la part des autorités locales, des élus et des forces vives de la région pour que le FNAP soit ressuscité, ce qui suppose sa remise entre les mains d'une équipe de professionnels avertis, à même de lui injecter un nouveau sang. Le faire reviendrait à honorer le souhait du feu Mohammed V qui l'avait créé et cru en son rôle de vecteur de paix d'amitié et de fraternité et à respecter l'esprit du défunt Hassan II et celui de Mohammed VI qui partagent le même sentiment.