Considéré comme étant le doyen des festivals marocains, toutes tendances confondues, le Festival National des Arts populaires (FNAP) n'en continue pas moins de pâtir d'une insuffisance manifeste d'intérêt et de considération de la part des pouvoirs publics. Pourtant, il s'agit bien d'un important événement de portée nationale, créé non seulement pour le simple divertissement du public mais surtout pour son ancrage et sa pérennité. Auquel cas, il s'apparente à une cause commune qui mérite l'implication et la mobilisation de tout un chacun, institutionnels, élus, société civile voire les ONG en charge des patrimoines civilisationnel et artistique. C'est justement ce soutien qui lui fait de plus en plus défaut. N'était-ce l'appui constant de l'ONMT et à un degré moindre des autorités locales, il y a longtemps qu'il aurait disparu. Ne nous parlez surtout pas du ministère de la Culture qui, dans ce chapitre brille par son absence, s'inscrivant sans gêne sur la liste des abonnés absents ! A notre sens, le problème du FNAP et son incapacité chronique à s'épanouir et à s'ouvrir sur le monde extérieur viennent du fait qu'on n'apprécie pas à sa juste valeur son importance, encore moins les objectifs qui lui sont assignés. Faut-il revenir sur les violentes convulsions accompagnées de fortes poussées de fièvre qui le secouaient de temps en temps pour nous croire ? N'avait-il pas cessé de vivre en 1986, ratant bêtement son rendez-vous avec l'Histoire pour n'avoir son salut que grâce à l'Association le Grand Atlas en la personne de son président Dr Mohamed Knidiri qui a dû pendant longtemps le maintenir sous perfusion jusqu'au jour où il avait retrouvé toutes ses facultés et pris son indépendance. Par la même occasion, nous rendons hommage à Kamal Bensouda pour avoir réussi à le mettre à l'abri du besoin en consolidant ses assises de conventions et de partenariats en béton, l'arrachant à son modeste rang de Festival quémandeur à celui de manifestation artistique phare au rayonnement international. Il faut dire que l'homme en question est passé maître en matière du relationnel, compte tenu de son expérience professionnelle et de sa qualité de chef de file du puissant groupe touristique Atlas Hospitality Morocco. Cette année, c'est une nouvelle équipe qui a pris en main sa destinée, laquelle équipe est jeune, dynamique, sérieuse et ambitieuse. A sa tête Karim Achak, architecte de son état, ayant pour capital l'estime des marrakchis, particulièrement de ses collèges qui l'apprécient pour sa modestie, son honnêteté et son savoir- faire avec en plus sa propension au dialogue et à la concertation. Tout cela est bien mais nullement suffisant. Toutes ces qualités que nous venons d'énoncer ne sauront servir à faire du FNAP la fusée Ariane que nous désirons. Disons les choses comme elles sont. Le FNAP a d'abord besoin d'un meneur d'Hommes, un poids lourd, capable de le faire sortir de la piste pour emprunter une auto- route où il se sentira en sécurité et pourra alors rouler à plein régime. Regarder ce qui se passe à Rabat, à Casablanca, à Assilah et tout près de chez-nous à Essaouira et faites la comparaison pour tirer les leçons. Pour réussir, il n'y a pas de secret. Il faut des leaders, des professionnels reconnus et le nerf de la guerre, c'est-à-dire le financement. En l'absence de ces éléments, il serait stupide d'espérer «grand-chose». Ainsi donc, pour cette 46ème édition, l'équipe de Karim Achak aura mis les bouchées double pour relever le défi, convaincue que le peu de temps dont elle disposait ne lui laissait guère les coudées franches pour aller si loin dans ses projections. N'empêche, elle aura réussi à faire ce qui était dans ses cordes et surtout à se singulariser par la création d'un village dédié essentiellement au FNAP et à ses métiers. Cette innovation fut salvatrice puisqu'elle a détrôné le Palais Badii pour occuper le hit parade de l'édition. Toutefois l'impact de toute cette opération ne dépasse pas nos frontières alors que par le passé les délégués de l'ONMT faisaient le jeu, amenant touristes et représentants des médias dans leurs sillages, ce qui conférait au FNAP une dimension internationale. C'est pour ces raisons qu'il va falloir dès à présent préparer la prochaine édition, ce qui passe impérieusement par la fixation d'une date définitive. Pour le reste, l'organisation d'un débat qui permettrait de faire le diagnostic du sujet et d'en définir les insuffisances et les besoins avec une stratégie de gestion à moyen et à long terme s'avère plus que jamais nécessaire.