Nous l'avions écrit et nous continuons à l'écrire. Le Festival National des Arts Populaire est souffrant, non pas par la faute de ses artistes ou de la Fondation qui en est en charge, loin s'en faut, mais essentiellement de manque de fonds. Il est le plus important de ses pairs et non seulement un amusant spectacle, parce qu'il est censé sauvegarder et pérenniser le patrimoine culturel national. Ironie du sort, il est le moins nanti, pour ne pas dire abandonné à son triste sort. Pourtant, les ministères du Tourisme, son correspondant de la Culture et les sponsors qui sont jaloux d'un considérable pan de notre identité artistique ont le devoir patriotique, avant d'être une simple responsabilité comme tant d'autres, de s'en occuper sur tous les plans aussi bien en amont qu'en aval. N'est-ce pas une aberration voire un non sens qu'on dépense un argent considérable pour un « moussem » local dont le clou essentiel du rassemblement se résume à un numéro de cavalerie (tbourida) et qu'on se fiche éperdument d'un festival de taille nationale regroupant les troupes folkloriques de toutes les régions du royaume et qui plus est, incarne notre patrimoine culturel et artistique avec mission en sus de l'ancrer dans les esprits et le maintenir vivace et rayonnant. Si nous soulevons ces remarques, ce n'est pas pour jeter l'anathème sur les autres festivals qui, chacun à sa manière, contribue à l'éblouissement de notre culture et à l'enrichissement de sa palette de musiques diverses mais tout simplement pour tirer la sonnette d'alarme quant à un festival vivotant et visiblement en déclin. D'ailleurs, il avait déjà connu par le passé des moments difficiles qui lui avaient valu un arrêt pendant trois ans ( 1996, 1997 et 1998) avant que le Grand Atlas, Dr Knidiri alors président, ne saute à son secours, le sauvant d'une mort certaine. Maintenant le sort du FNAP est entre les mains de la Fondation des Festivals de Marrakech, un titre qui trahit la véritable fonction dont ce commando est investi car la dite Fondation n'organise que le FNAP et seulement le FNAP pour devoir afficher une aussi pompeuse mission. Cela étant, elle regroupe d'excellents éléments, des intellos profondément jaloux quant à l'épanouissement de leur sujet et très conscients de la responsabilité qui leur incombe, s'investissant totalement dans leur délicate mission. Nous préférons taire sciemment leurs noms, et ainsi couper l'herbe sous les pieds de tous ceux qui croiraient que nous faisons dans la publicité. Contentons nous de confirmer qu'il s'agit bel et bien d'un commando prés aux sacrifices pour peu qu'il réussisse dans sa mission. Notons que si aujourd'hui cette 48ème édition a pu voir le jour, c'est justement grâce aux sacrifices et au dévouement de ce groupe de «militants» qui le couve et le protége avec les modestes moyens dont il dispose. La question qu'il est indispensable de poser c'est jusqu'à quant il continuera à tirer de toutes ses forces sur la corde. L'usure ne finit-elle pas par casser son sujet ?