Depuis quelques jours, la RDC connaît des manifestations violentes dans différentes villes et qui ont fait une trente de morts selon diverses sources. En cause : le projet de loi électorale adopté par l'Assemblée nationale. Un projet contesté par les partis de l'opposition ainsi que la société civile. Même la congrégation catholique est farouchement opposée à ce tripatouillage de la Constitution en RDC. En effet, deux articles de la loi amendée, adoptée par la Chambre haute du Parlement congolais, suscitent un débat houleux et crée de grandes divergences entre les députés de la majorité et de l'opposition. Il s'agit de l'article 8 sur l'identification de la population et de l'article 13 lié à la parité. Seuls le Président Joseph Kabila, sa formation politique, ses affidés, ses laudateurs et les profiteurs de tous acabits sont favorables à la décision de l'Assemblée nationale de la République. Malgré la réprobation de la communauté de la communauté internationale, les bons conseils des pays amis de la RDC, le Président congolais n'entend point de cette oreille. Il persiste et signe. Pendant ce temps, l'Union africaine fait la sourde-oreille et joue à l'aveugle face au drame du peuple congolais. La Commission pour la paix de l'institution panafricaine est inaudible. Or l'enjeu est de taille puisqu'il s'agit des prochaines présidentielles de 2016 et qui correspondent à la fin des deux mandats de Joseph Kabila. Les partisans du Président actuel voudraient, à voir leur démarche, une troisième échéance pour leur mentor. Un choix qui risque d'embraser tout le pays si rien n'est fait maintenant afin de stopper ce changement de la Constitution. Le pouvoir en place ne manque pas de subterfuges. Puisqu'il parle désormais du recensement de la population, lequel nécessite quatre années de travail et un financement de l'ordre d'un demi-milliard de dollars. Nul n'est dupe pour celui qui connaît les finances de la RDC. De facto, il y aura un glissement dans l'agenda de l'élection présidentielle et Kabila pourrait ainsi rester au pouvoir jusqu'en 2021. Avouez que le manège est gros et qu'il est savamment préparé. D'ailleurs, faut-il rappeler à ce sujet, que M. Kabila est au pouvoir en RDC depuis 2001. La Constitution, entrée en vigueur en 2006, à l'issue de la transition politique ayant suivi la deuxième guerre du Congo (1998-2003) lui interdit de briguer un nouveau mandat. En outre, le projet de loi contesté lie la tenue des prochaines présidentielle et législatives aux résultats du recensement général de la population devant débuter cette année. D'où les manifestations de toutes sortes et qui embrasent aujourd'hui la RDC. Le calme précaire qui prévaut actuellement à Kinshasa n'est que de façade car l'opposition appelle ses militants à descendre dans la rue les jours à venir. Une épreuve de force qui risquera encore de faire des victimes. En optant donc pour la modification de la Constitution, en liant l'élection présidentielle au recensement de la population, Kabila et ses thuriféraires se mettent à dos la communauté internationale. Une communauté qui viendra encore jouer au sapeur pompier une fois que l'incendie aura fait ravage. Kabila seul contre tous, la partie ne fait que commencer pourvu que ce bras de fer ne durera pas.